Le prologue donne le ton, avec une découverte macabre dans une maison cossue. L'histoire, elle, commence huit mois auparavant, sur le campus de Cambridge. À la faveur d'un instant de grâce musicale dans une chapelle, Oscar fait la connaissance de la séduisante Iris et, immanquablement, de son frère Eden, étudiant charismatique et organiste virtuose, convaincu que la musique a le pouvoir d'influer sur les émotions et de les manipuler.

Malgré les différences sociales, Oscar est admis dans le cercle fermé formé par la fratrie Bellwether et leurs amis huppés. Il ne tarde pas à s'apercevoir qu'Eden dicte sa partition à ses proches, qui considèrent ses théories et ses expériences d'hypnose musicale comme autant de coups d'éclat d'un esprit supérieur. Après tout, «l'irrationalité d'un phénomène n'est pas un argument contre son existence», lance Iris.

Tout comme Oscar, le lecteur est happé par l'engrenage des manipulations... dans le respect de la bienséance, néanmoins. Ici, les jeux pervers se déroulent autour d'une tasse de thé. So british.

Cette atmosphère surannée, alors que l'intrigue se déroule dans les années 2000, accentue l'étrangeté de ce premier roman de Benjamin Wood, qui s'inscrit avec maestria dans la lignée du Maître des illusions de Donna Tartt.

* * * 1/2

Le complexe d'Eden Bellwether. Benjamin Wood. Éditions Zulma. 499 pages.