Trois survivants. Et des centaines de milliers de morts. C'est autour de ces deux pôles que se construit l'intrigue du roman Au revoir là-haut, qui a valu à son auteur, Pierre Lemaitre, le Goncourt 2013.

Les survivants, ce sont trois soldats dont les destins se croisent dans le cadre d'un ultime assaut à la fin de la Première Guerre mondiale. L'un tente d'utiliser cette bataille comme tremplin pour sa propulsion sociale après la guerre.

Les deux autres sont, grosso modo, ses victimes. Quant aux morts, ce sont ces «poilus» tombés au champ d'honneur. Et dont les cadavres exhumés dans le plus grand chaos occasionnent une nouvelle bataille: celle des monuments aux morts. Une guerre commerciale où chacun règle des comptes avec une société qui refoule vers la marge ses soldats démobilisés.

Au revoir là-haut évoque sans ménagement la cruauté des guerres et de leurs lendemains, dans une écriture dense et foisonnante.

Un roman efficace pour peu que l'on accepte l'une de ses prémisses: celle d'un homme au visage arraché, qui refuse toute restauration faciale. Sorte de métaphore des victimes anonymes de toutes les guerres.

* * * 1/2

Au revoir là-haut, Pierre Lemaitre, Albin Michel, 566 pages.