Le dernier roman de Maxime-Olivier Moutier reprend un peu la forme du monologue de son précédent livre, Rita tout court. C'est encore une voix de femme, qui s'adresse cette fois à son conjoint qui s'est éteint.

Sans retenue, elle énumère les malentendus et l'éloignement qui se sont développés au fil du temps, à l'intérieur de ce couple formé de deux êtres qui ne se connaissaient pas vraiment. Mais connaît-on vraiment l'autre? Se connaît-on soi-même, en fait?

Les constatations de la narratrice sont parfois terribles et révèlent d'une certaine façon «l'horreur domestique» lorsqu'on n'assume pas qui on est. Cela ressemble à une confession, mais c'est aussi un redoutable suspense psychologique, les vérités se dévoilent une à une, de façon crue parfois, la narratrice ne s'épargnant pas dans cet exercice d'aller au fond des choses.

Ce faisant, c'est aussi un portrait sans concession du couple contemporain qui se dessine devant nos yeux. Ce couple forcé de survivre dans un monde trop contradictoire et cruel pour croire aux contes de fées, et aux mirages de «l'amour toujours».

Une fois de plus, Moutier fait mouche. Et ça fait mal.

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Scellé Plombé, Maxime-Olivier Moutier, Marchand de feuilles, 140 pages.