Esther Croft manie depuis longtemps l'art de la nouvelle, sachant saisir en quelques pages des personnages, un état d'esprit. C'est encore le cas dans L'ombre d'un doute, 10 petites histoires bien ficelées qui montrent des hommes et des femmes, jeunes ou vieux, pris dans des dilemmes ou acculés devant des choix dont ils ne sont plus certains.

«Ce n'est pas le doute qui rend fou, c'est la certitude», a écrit Nietzsche, cité au début du recueil. On a tout de même l'impression que c'est lorsqu'ils prennent finalement une décision que ces personnages trouvent une forme de paix, que ce soit le futur papa qui a peur de ne pas être à la hauteur, la jeune fille parfaite qui refuse de suivre son destin ou la femme qui s'interroge sur la véritable nature de son mari.

Esther Croft réussit en peu de mots à capter l'essence du trouble de chaque personnage, avec son écriture directe sans fioriture, mais qui manque parfois de couleur.

Certaines nouvelles plus faibles - on pense à L'éloge du doute, qui vient trop appuyer la théorie qui sous-tend le livre - jettent aussi une ombre à ce recueil tout de même intelligent.

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L'ombre d'un doute, Esther Croft, Lévesque éditeur, 126 pages.