Les sans-abri et miséreux poursuivis par Antonin nous plongent dans un monde de vomi, d'ordures et de puanteur. C'est un roman coup-de-poing, audacieux et qui donne froid dans le dos. La charge est directe et violente.

«Avec le clochard, la compassion n'est jamais loin de la violence, la charité de la haine.» Exception faite de son obsession pour la propreté, Antonin semble tout à fait normal pendant le jour.

L'agent immobilier se transforme en justicier le soir. Il se croit «élu par Dieu pour purger la terre de la vermine». Pour se rapprocher des grands exclus, il oeuvre à la Maison des Anges, dirigée par Isolde de Hauteluce, émule de Mère Teresa.

La fiction est proche de l'essai quand le philosophe Bruckner nous livre ses réflexions sur le monde de la charité et des organisations humanitaires. Il nous oblige à voir une autre facette de Paris, celle de la vie sous les ponts et dans les terrains déserts.

Les nombreux rebondissements de l'intrigue accréditent la thèse que la frontière est mince entre la vie courante et l'abjection. Un roman qu'on lit dans l'urgence et qui fait son chemin dans la conscience.

* * * 1/2

La maison des anges. Pascal Bruckner. Grasset, 320 pages.