C'est une histoire de déceptions. La déception d'Annie Proulx qui a consacré trois années, une fortune et un récit, Bird Cloud, à la construction de sa maison de rêve... et qui conclut: «J'avais beau adorer Bird Cloud, ce n'était pas et ce ne pourrait jamais être la maison idéale dont j'avais rêvé.»

Et la déception de ses lecteurs: l'auteure de Brokeback Mountain nous transporte, le temps de cette oeuvre pourtant autobiographique, dans l'impersonnel et le didactique.

À des lustres, par exemple, des péripéties amusantes mais éclairantes que Peter Mayle a racontées dans Une année en Provence. Mais l'Anglais est bon vivant alors que l'Américaine se décrit comme «autoritaire, impatiente, farouche, colérique et têtue».

Celle qui sait créer des personnages de fiction originaux effleure ici les gens qui ont participé à la construction de sa maison. Elle préfère consacrer d'interminables chapitres à la description des animaux et des plantes du Wyoming et à certains passages de l'histoire américaine.

C'est quand elle évoque ses racines «canadiennes-françaises» et ses souvenirs d'enfance qu'elle s'approche de nous. Mais c'est trop peu.

Et Bird Cloud lève peu - à moins d'être passionné de botanique, de zoologie, d'ornithologie et d'architecture.

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* * 1/2

Bird Cloud. Annie Proulx. Grasset, 329 pages.