Le passé, surtout lorsqu'il est chargé de lourds secrets, est un ogre endormi qui n'attend qu'une occasion pour se réveiller et mieux nous dévorer.

C'est ce que va constater Erica Falck, la sympathique héroïne de L'enfant allemand, le cinquième polar de Camilla Läckberg. Maintenant mariée à l'inspecteur Patrick Hedström, Erica mène une vie sans histoire jusqu'au jour fatidique où elle entreprend des recherches sur sa mère, une femme froide et distante dont elle ne connaissait pas le passé.

En fouillant dans le grenier, elle découvre les carnets d'un journal intime et, enveloppée dans une petite brassière maculée de sang, une ancienne médaille ornée d'une croix gammée. Intriguée par cet objet, elle entre en contact avec un vieux professeur d'histoire à la retraite. En voyant la croix de guerre, l'homme a une réaction bizarre. Deux jours plus tard, il est sauvagement assassiné. Quoique officiellement en congé de paternité, Hedström va se mêler à cette étrange affaire dont les origines remontent à la Deuxième Guerre Mondiale et à certains secrets de famille jusqu'alors occultés.

Malheureusement, cette quête de la vérité ne fait pas l'affaire de tout le monde et les intéressés vont prendre tous les moyens, y compris l'assassinat, pour éviter que la lumière ne soit faite sur certains événements peu reluisants survenus pendant la guerre. Dommage que les problèmes domestiques du couple et ceux de leurs proches occupent une place parfois envahissante. Mais ça reste supportable, car le suspense est soigneusement entretenu par un écrivain au sommet de son art.

Ce sont les secrets de la famille impériale russe qui sont au coeur de l'intrigue dans L'oeil du tsar rouge, le premier thriller de Sam Eastland. L'action se passe en Russie, en 1929. Sur ordre de Staline, le commissaire Kirov fait sortir le prisonnier 4745-P du goulag où il purge une peine de 30 ans. Au temps du tsar, ce détenu avait comme surnom «L'oeil d'émeraude» car l'inspecteur Pekkala était le plus grand policier de Nicholas II. Si Staline a fait libérer ce super-flic aux talents exceptionnels, c'est pour résoudre une affaire épineuse: que sont devenues les dépouilles du tsar et de sa famille exécutés par les bolchéviks et où ont-ils caché leur trésor? Alternant les chapitres entre le passé de Pekkala et sa nouvelle mission, l'auteur nous entraîne dans une aventure palpitante avec un héros plus grand que nature.

Bien des obstacles attendent Pekkala, car le traître qui a orchestré le massacre de la famille impériale ne tient pas à ce que l'on révèle ses petits secrets. Il s'agit bien sûr d'une oeuvre d'imagination dans laquelle l'auteur prend quelques libertés avec la vérité historique. Mais dans l'ensemble, le contexte historique est solidement documenté avec, en annexe, des révélations éclairantes sur les soi-disant «mystères des Romanov». Une série à suivre...

Jack Reacher, le protagoniste de L'espoir fait vivre (Lee Child) a lui aussi de nombreux squelettes dans son placard, mais son passé de baroudeur ne l'empêche pas de dormir. Voyageant dans tout le pays, avec comme seuls bagages un peu d'argent, un passeport périmé et une brosse à dents, il arrive à Despair (Désespoir) un bled sinistre du Colorado où, le temps de le dire, il est arrêté, conduit devant un juge, condamné pour vagabondage et expulsé de la ville! Grave erreur! On ne marche pas impunément sur les pieds de Jack Reacher. À Hope (Espoir), la ville voisine, il apprend que Despair appartient à un petit despote local nommé Thurman qui possède la seule usine du coin, usine où l'on recycle les métaux. Bien décidé à semer la pagaille, Reacher veut découvrir les secrets de ce bled sinistre, dont les habitants semblent malades et dont l'usine est protégée par un détachement de l'armée.

Bagarreur impénitent, peu regardant sur les moyens, Reacher va mettre à jour un complot aussi machiavélique que terrifiant! L'espoir fait vivre est un thriller où l'action musclée prédomine, comme dans tous les romans de cette série originale, fortement recommandée aux lecteurs avides de sentations fortes!

L'enfant allemand

Camille Läckberg

Actes Sud, 456 pages, 36,95$

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L'oeil du tsar rouge

Sam Eastland

Anne-Marie Carrière, 342 pages, 34,95$

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L'espoir fait vivre

Lee Child

Seuil, 518 pages, 34,95$

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