Écrit et édité dans le plus grand secret, imprimé en Allemagne pour préserver la confidentialité, le livre évènement de Valérie Trierweiler, Merci pour ce moment, relève de ces coups médiatiques aux allures de thriller prisés par certaines maisons d'édition.

Ces 320 pages en forme de confession de l'ancienne compagne de François Hollande sont publiées aux Arènes. «Nous avions exprimé notre grand intérêt pour ce livre, comme beaucoup d'éditeurs», avoue à l'AFP Laurent Laffont, directeur éditorial des Éditions JC Lattès, familières des best-sellers. «Mais Valérie Trierweiler a privilégié la confidentialité en optant pour une petite maison d'édition brillante et indépendante».

À la veille de sa parution jeudi, Les Arènes, fondées en 1997 par Laurent Beccaria, répondaient encore: «Aucun commentaire de la part de l'auteure ni de l'éditeur».

«Il y avait sûrement (de meilleures offres financières) pour le livre de l'ex-première dame. Mais Il était plus facile de garder le secret au sein d'une structure légère. Et elle avait sans doute plus d'atomes crochus avec l'équipe des Arènes», estime M. Laffont.

De même Pierre Péan et Philippe Cohen avaient publié en 2003 La face cachée du Monde sous la marque Mille et une nuits, filiale de Fayard: «Le secret était plus facile à garder qu'avec une plus grande maison», explique l'éditeur. «Plus le temps passe, plus de gens sont au courant. Il faut parfois faire signer des clauses de confidentialité».

Merci pour ce moment ne figurait pas dans les programmes de la rentrée. Les Arènes ont contacté in extremis les libraires lundi. Dans ce cas, l'éditeur dit seulement: «J'ai un livre «sous X»» écrit par une personnalité, ce qui signifie: «ouvrage top secret». Le livre a été imprimé Outre-Rhin et rapatrié seulement ce mercredi par camions.

«Ce genre d'ouvrages est le plus souvent imprimé à l'étranger. C'est plus sûr pour éviter les fuites. L'éditeur a aussi choisi l'Allemagne parce qu'il fallait faire vite et qu'ils ont des machines très rapides», relève Laurent Laffont.

Pour Inferno, le dernier roman de Dan Brown édité en français par Lattès, «c'était une sortie mondiale qui a donné lieu à une dramaturgie digne d'un roman d'espionnage», raconte-t-il.

Paranoïa

«Les traducteurs étaient enfermés en Italie dans un bunker, sans accès internet. Leur clé USB était confisquée chaque soir. Adrénaline et mystère collaient avec le thème du roman!», sourit M. Laffont. Et quand les livres sont arrivés chez le distributeur, «ils étaient protégés par des filets noirs et gardés jour et nuit».

Avec Nulle part où se cacher de Glenn Greenwald sur l'affaire Snowden, «la paranoïa était à son comble. Tout était archi-secret. Des émissaires mystérieux nous apportaient des manuscrits avec des noms de code...», se souvient-il.

Les Arènes réalisent avec cette sortie surprise un énorme coup médiatique, avec la complicité de Paris-Match, l'employeur de Valérie Trierweiler, pariant sur une envolée des ventes dès les premiers jours, avec un tirage initial de 200 000 exemplaires.

Seuls des écrivains comme Amélie Nothomb, Marc Lévy ou Dan Brown, bénéficient de tels premiers tirages. Un Goncourt n'est assuré que de quelque 400 000 ventes en moyenne.

Le directeur de la rédaction de l'hebdomadaire, Olivier Royant, assure avoir découvert le livre il y a seulement cinq jours. «Je pense que les enfants de Valérie ne savaient pas, ni son ex-mari, et François Hollande a été mis au courant mardi», a-t-il affirmé sur Europe 1.

Flammarion avait aussi entouré de secret le livre d'une autre ex-première dame, Cécilia Attias ex-Sarkozy, Une envie de vérité. Sa parution en octobre 2013 avait fuité quelques jours plus tôt. L'éditeur avait annoncé aux libraires la sortie d'un mystérieux ouvrage sous un titre provisoire, sans en révéler l'auteur. Les bonnes feuilles avaient été publiées dans Le Point.

Tirée au départ à 60 000 exemplaires, La Vérité de Cécilia s'était vendu à quelque 100 000 exemplaires.