Béatrice Picard vient de lancer sa biographie Avec l'âge, on peut tout dire, écrite par Sylvain-Claude Filion. La comédienne y raconte sa vie et son métier, qu'elle pratique depuis plus de 70 ans.

Le livre qui a marqué votre enfance?

«J'ai toujours aimé lire et, chez nous, nous n'avions pas grand-chose comme lecture. Dès que j'ai commencé à lire, mes parents m'ont acheté les romans de la comtesse de Ségur. Tantôt à un anniversaire, tantôt à Noël. Je crois que j'ai dû lire une vingtaine de fois chacun des romans de cette série. J'aimais bien la petite Sophie; je la trouvais un peu délinquante, mais tout finissait par s'arranger. J'ai gardé ça en tête: on peut être délinquant, puisque tout finit par s'arranger.»

Le livre qui a marqué votre adolescence?

«Une des premières biographies que j'ai lues est celle de Simone de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée, et ça m'a beaucoup influencée. Parce que je trouvais que je ressemblais à Simone... Il faut dire que lorsqu'il y a une héroïne dans une histoire, je m'identifie souvent à elle! J'ai compris que tu pouvais être très timide et finir par te dévoiler petit à petit. Quand j'étais petite, j'étais extrêmement timide, ça n'avait pas d'allure. Je restais seule dans mon coin et je ne regardais personne. Et là, j'ai compris que la timidité pouvait être une bonne chose, que je pouvais m'en servir et qu'elle pouvait mener quelque part.»

Le livre que vous aimez relire?

«Tout Colette, mais pas ses Claudine. Je trouve que Colette a une façon d'écrire qui est tellement imagée! C'est beau! Par exemple, lorsqu'un de ses personnages, une femme, reçoit une invitation pour rendre visite à quelqu'un et qu'elle s'excuse de ne pouvoir y aller parce que son cactus rose va fleurir et qu'elle ne serait pas là pour le voir... C'est très beau, ça. Colette, ça se lit simplement. Elle aime la vie.»

La biographie que vous avez préférée?

«J'aime beaucoup les biographies d'Alexandra Lapierre. Et là, quand je suis tombée sur Artemisia, pour moi, c'était fascinant de voir le courage de cette jeune fille-là. Les biographies de Lapierre sont toujours romancées, mais tellement basées sur des choses vraies... Ça m'a fascinée de savoir qu'au XVIe siècle, la fille du célèbre peintre Orazio Gentileschi a vécu une rivalité avec lui. Et malgré tout ce qu'il a fait pour l'empêcher d'exercer son métier, elle a réussi à être connue comme peintre. À l'époque, pour une femme, c'était une révolution!»

Le livre que vous avez donné le plus souvent en cadeau?

«L'équilibre du monde de Rohinton Mistry. J'ai été fascinée par ce livre-là. Mistry est maintenant canadien, il est d'origine indienne, et quand il parle de l'histoire de l'Inde... C'est l'histoire de deux intouchables qui vont essayer de s'en sortir et devenir autre chose que simplement des intouchables. À travers ça, on voit plusieurs facettes de l'Inde, à l'époque. Une fois qu'on a lu le livre, on se dit que nous pouvons être dans un milieu très différent, où la vie est impossible, et pourtant, avoir une espèce de sérénité et aimer la vie malgré tout.»

Le livre qui vous ressemble?

«Je n'en ai aucune idée. Parce que moi, j'ai beaucoup de livres dans ma bibliothèque et, dès qu'un livre me fascine, je deviens partie prenante du héros ou de l'héroïne. Je m'intègre tellement! Alors, c'est tout ce qu'il y a dans ma bibliothèque qui me ressemble. Je suis très hétéroclite. Je suis un ramassis de tout ça... je suis une bibliothèque!»