Écrire des romans d'époque et historiques implique beaucoup de recherche. Voici comment les auteurs à qui nous avons parlé fouillent dans le passé.

Louise Tremblay d'Essiambre

Jusqu'à sa mort à 96 ans, la meilleure source de Louise Tremblay d'Essiambre s'appelait papa. «Une encyclopédie sur deux pattes et un conteur extraordinaire qui m'a donné le goût d'écrire, dit-elle. Un jour, pour ma série Les soeurs Deblois, je me demande s'il existe de la liqueur dans les années 1920. Mon père me répond que, oui, il y avait de l'orangeade, de la bière d'épinette, du cream soda, etc.» L'auteure des séries Mémoires d'un quartier, Les héritiers du fleuve, La dernière saison, etc. fouille aussi dans les livres anciens. «Et avec l'internet, on peut visualiser des choses, dit-elle. Par exemple, je ne suis jamais allée à Auschwitz, mais j'ai regardé sur l'internet pour en parler dans L'amour au temps d'une guerre. Mon éditrice vérifie et contre-vérifie.»

Laurent Turcot

Laurent Turcot est au début de sa carrière de romancier. Mais il en connaît une mèche sur l'histoire, ayant sa chaîne YouTube, des chroniques historiques à TVA et une chaire universitaire de recherche dans le domaine. Il connaît les outils lui permettant de valider des informations associées à des périodes lointaines. «Pour écrire mon roman, j'ai sorti tous les plans de Québec de la seconde moitié du XVIIIe siècle, expose-t-il. Quand je décrivais les choses, je suivais ces plans avec mon doigt. Mais j'ai aussi sorti des gravures, des peintures et même des recensements. J'avais accès à des répertoires de tous les gens habitant à Québec à l'époque. Si j'avais besoin d'un personnage de charpentier, j'en choisissais un dans ma liste.»

Jean-Pierre Charland

La lecture de journaux d'époque est le principal outil de Jean-Pierre Charland, qui a signé, entre autres, les séries Les portes de Québec, Les folles années et Félicité. «Mon premier tome de la série Le clan Picard se passe en 1945-1946. Pour me documenter sur les films à l'affiche, les spectacles, les restaurants, j'ai lu un numéro par semaine de La Presse», relate-t-il. Et pour connaître les valeurs humaines et sociales de l'époque, rien de mieux que d'éplucher les courriers du coeur. «Je suis spécialiste du courrier du coeur de Janette Bertrand, dit-il. Dans les chroniques comme la sienne, on apprend ce qui est acceptable ou non dans les rapports entre hommes et femmes et on mesure la sensibilité du public à l'égard de certains comportements.»

Arlette Cousture

Pour écrire Les filles de Caleb, ouvrage inspiré de la vie de sa grand-mère Émilie Bordeleau, Arlette Cousture a, en bonne partie, inventé l'histoire. «Émilie était décédée quand je suis née et ma mère m'a très peu parlé d'elle, indique-t-elle. Tout ce que j'avais pour m'inspirer, c'était l'année de sa naissance, le nom de ses soeurs et frères, de ses enfants et des frères et soeurs d'Ovila.» Quelques éléments sont néanmoins réels. Par exemple, il est vrai qu'Émilie a été prise au piège par une tornade. Ovila a-t-il été un élève de sa classe? «Certains m'ont dit que oui et d'autres non», indique l'auteure. Pour ses oeuvres à caractère plus international, comme Ces enfants d'ailleurs, Mme Cousture aime bien potasser dans les grands ouvrages «Chronique» (du 20e siècle, du Canada, de la Seconde Guerre mondiale...) publiés chez Larousse.

Photo Martin Chamberland, Archives La Presse

Jean-Pierre Charland