Le paradoxe est bien connu de tous les photographes sérieux: les personnes les mieux équipées en photo sont bien souvent celles qui s'y connaissent le moins.

«Encore récemment, je suis allé à un spectacle. Je me trouvais face à la scène pour faire des photos, et la personne à côté de moi prenait des photos avec un gros Nikon à 3000 $, qui était réglé sur le mode automatique. Même avec le meilleur des appareils, c'est sûr qu'il ne pouvait pas réussir sa photo comme ça», illustre Stéphane Champagne, journaliste et photographe pigiste qui vient de cosigner le livre Je réussis mes photos, aux éditions La Presse.

Pour son bouquin, l'auteur s'est associé au photographe Bernard Brault, de La Presse, dont le travail a été maintes fois primé dans des concours internationaux. Les deux hommes, conscients qu'une masse de plus en plus importante de gens possèdent des caméras très performantes, se sont entendus sur un point: il faut convaincre les Québécois d'oser prendre leurs photos différemment.

Page après page, leur livre propose des exemples très concrets, tirés des collections des deux photographes, de ce qui différencie une bonne photo d'une moins bonne. La démarche derrière chaque prise de vue est expliquée dans des termes clairs. On y apprend comment planifier un voyage, ou comment se servir de la lumière naturelle pour créer des effets spectaculaires. Devant un enfant, les auteurs insistent: mettez-vous à la hauteur de votre sujet. «Nous avons voulu faire comprendre aux gens que parfois, il suffit simplement de se pencher ou de se déplacer pour réussir une photo», note Bernard Brault.

Les photographes ont aussi affiché sous chaque photo les données techniques de la prise de vue: type d'objectif utilisé, ouverture de diaphragme, vitesse d'obturation, sensibilité à la lumière. «Chaque fois que j'ai publié ces informations avec des photos parues dans La Presse, j'ai eu beaucoup de commentaires. Ce sont des informations qui intéressent les gens qui font de la photo. Ça aide à démystifier certaines notions qui paraissent très complexes», affirme Bernard Brault.

Si les auteurs ont voulu démystifier certaines notions de base de la photo, ils aussi pris soin de ne pas faire un livre trop technique. «Nous ne voulions pas mettre de diagrammes complexes et rébarbatifs, comme on en trouve dans certains livres de photo. C'est par la pratique qu'on s'améliore en photo, et notre livre reflète cette philosophie», affirme Stéphane Champagne. D'ailleurs, le livre est bourré de photos de famille des deux photographes. «Nous aurions pu mettre des photos prises par Bernard aux Jeux olympiques ou lors de grands événements qui ont marqué l'actualité, mais comme personne n'a d'accès privilégié semblable, nous avons préféré proposer des images qui peuvent inspirer les gens pour leur propre pratique», ajoute le coauteur.

Le livre est préfacé par le photojournaliste Antoine Désilets, lui-même auteur de plusieurs livres sur la photo, et dont le nom est lié au plus prestigieux prix de photographie de presse au Québec.

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Je réussis mes photos. Bernard Brault et Stéphane Champagne. Éditions La Presse, 200 pages.