Le professeur de littérature et essayiste François Ricard (La génération lyrique, 1992) a reçu hier le prix Killam du Conseil des arts du Canada, catégorie «sciences humaines».

Le spécialiste et biographe de Gabrielle Roy (Une vie, 1996) est l'un des trois professeurs de l'Université McGill à recevoir un des prix Killam 2009, - du nom du financier néo-écossais et Montréalais d'adoption Isaak Walton Killam (1885-1955) - «les plus prestigieuses récompenses canadiennes accordées en reconnaissance de réalisations exceptionnelles» dans le domaine des sciences de la santé, du génie, des sciences humaines, des sciences naturelles et des sciences sociales. Chaque prix est doté d'une bourse de 100 000 $.

«En cet âge obsédé par l'efficacité et le progrès économique», M. Ricard voit dans ce prix la preuve que la communauté universitaire continue d'accorder de l'importance au secteur des lettres et sciences humaines, «littérature, philosophie, histoire, musique, beaux-arts, toutes ces disciplines», dira-t-il dans son discours d'acceptation, «dont la principale fonction est de préserver ce qui fait depuis toujours l'essentiel de notre humanité et de notre liberté: les oeuvres et les pensées de ceux qui nous ont précédés».

Le jury de 15 universitaires a attribué les autres Killam au Pr Philippe Gros (Sciences de la santé, McGill), un spécialiste de la génétique de la souris qui a «inventé et mis en oeuvre des stratégies d'analyse génomique, 10 ans avant la formulation de du génome humain»; au Pr Wagdi Habashi (Génie - McGill), sommité mondiale de la dynamique de fluides numérique; au Pr John P. Smol (Sciences naturelles, Queen's), spécialiste de l'eau douce de l'Arctique; et au Pr Ernest Weinrib (Sciences sociales, Université de Toronto), éminent juriste qui a apporté «une nouvelle compréhension de la moralité distinctive du droit privé».

Pour François Ricard, il s'agit là d'un beau cadeau de retraite, lui qui quittera McGill à la fin du semestre après y avoir enseigné la littérature pendant 40 ans.

«Les étudiants en littérature sont des passionnés», dira à La Presse l'éminent professeur originaire de Shawinigan qui considère comme un privilège le fait d'avoir passé sa vie avec des gens de 20 ans. «Ces étudiants-là sont brillants, cherchent dans la littérature autre chose qu'un objet de recherche: des leçons de vie, des façons de comprendre le monde.»

Pour comprendre le monde, François Ricard, lui, a choisi l'oeuvre de Gabrielle Roy, romancière d'origine manitobaine dont on célèbre cette année le centenaire de la naissance. On a déjà annoncé un colloque Gabrielle Roy pour l'automne et la publication, au Boréal, des deux premiers des 12 tomes de l'oeuvre complète de l'auteure de Bonheur d'occasion (1945). Beau projet de retraite.

_____________________________________________________

Détails supplémentaires sur www.conseildesarts.ca