«Il se concentra sur lui-même en effaçant le monde, non point par la pensée, car il en ignorait les ressources, mais par le puissant désordre de ses actes.»

Comme le tome inaugural il y a un an, Deuxième chronique du règne de Nicolas 1er trône en tête du palmarès des ventes en France. À sa juste place dans la catégorie «romans et récits». Les faits d'abord. Patrick Rambaud a encore l'embarras du choix dans les événements de la première année de la présidence de Nicolas Sarkozy, ce «Stupéfiant Souverain». La Deuxième chronique va de la visite à Paris de «Mouammar (Khadafi) le Cruel» à celle du président français, «Pantalonesque Prince», aux Jeux de Pékin où il est «resté le nez dans la poussière devant l'Empereur Hu, ses mandarins et ses contrats». «Comme partout», écrit Rambaud, merveilleux pasticheur de Saint-Simon, le «Fulminant Leader» s'était comporté «en représentant de commerce dont il avait l'âme et les manières».

 

Entre ces bornes, bien sûr, le monde entier a pu suivre l'arrivée au château de «la Comtesse Bruni, extrêmement longue, la gorge nulle» et qui «n'avait point l'étonnement facile». Le couple le plus «pipeuhle» d'Europe, explique encore Rambaud le Méchant, a vite fait de concentrer ses énergies dans la nouvelle entreprise familiale: Narcisse&Co....

Au roman, Rambaud - prix Goncourt 1997 pour La bataille - emprunte aussi l'art du dialogue, comme celui-ci où un conseiller cite à «Sa Majesté» un aphorisme de Valéry. «Valérie qui?» «Paul, Sire.» «Valérie Paul? Elle a pas l'air sotte, faut que tu l'engages fissa.» Ainsi va le «Hamster volant».

Tranchants et informés, ces ouvrages de Patrick Rambaud vont bien au-delà de la drôlerie qu'on leur prête au premier abord. Pour bien des Français dont la consternation va grandissant devant le «power trip» de leur «multi-président», c'est la chronique d'un drame national.

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Deuxième chronique du règne de Nicolas 1er

Patrick Rambaud

Grasset, 178 p. 24,95$

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