Paul Bélanger
Paul Bélanger
Professeur, poète et éditeur
De Paul Auster, L'invention de la solitude (1988) et Le voyage d'Anna Blume (1989) furent marquants pour moi. Aussi, Si par une nuit d'hiver un voyageur d'Italo Calvino (1979), me semble contenir toute la modernité romanesque, mais dans l'action concrète du roman, non dans la théorie. De même que son Palomar (1983), sorte de Monsieur teste actualisé. Et bien sûr, l'incontournable Thomas Bernhard, Le neveu de Witgenstein (1982), Le naufragé (1983) et surtout Extinction (1986). Dans le domaine poétique, toute l'oeuvre de Roberto Juarroz est certainement à retenir.
Jean-François Chassay
Professeur, essayiste et romancier
1) La trilogie newyorkaise, Paul Auster (1985-1988)
2) Extinction, Thomas Bernhard (1986)
3) Si par une nuit d'hiver un voyageur, Italo Calvino (1979)
4) Outremonde, Don DeLillo (1997)
5) L'amour sorcier, Louise Erdrich (1984)
6) Méridien de sang, Cormac McCarthy (1985)
7) La ville des prodiges, Eduardo Mendoza (1986)
8) Opération Shylock, Philip Roth (1993)
9) La puissance des mouches, Lydie Salvayre (1995)
10) L'aveuglement, José Saramago (1995)
Alain Fisette
Poète
Que James Ellroy :
1) Le Dahlia noir (1987)
2) Le Grand nulle part (1988)
3) L.A. Confidential (1990)
4) Ma part d'ombre (1996)
Fabienne Larouche
Auteure et productrice
1) Truismes, Marie Darrieussecq (1996), pour son imaginaire truculent
2) La cinquième femme, Henning Mankell (1996), pour la tueuse qui remplace les tueurs en série
3) Les particules élémentaires, Michel Houellebecq (1998), pour l'ironie et la langue
4) Trois jours chez ma mère, François Weyergans (2005), pour pleurer d'affection
5) L'Amour aux temps du choléra, Gabriel García Márquez (1981), pour la poésie
6) Mort et vie de Lili Riviera, Carole Zalberg (2005), pour l'analyse psychologique
7) La Bataille, Patrick Rambaud (1997), pour mieux comprendre les hommes
8) La Route, Cormac McCarthy (2006), pour un certain cynisme qui me rejoint
9) Debout les morts, Fred Vargas (1995), pour le roman policier réinventé par une fille
10) Jamais sans ma fille, Betty Mahmoody (1986), c'est un roman populaire mais très clairvoyant
Catherine Mavrikakis
Professeure et romancière
1) Le retour du hooligan, Norman Manea (2003), pour l'impossible retour au pays après le communisme, pour la lucidité
2) À l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie, Hervé Guibert (1990), pour l'écriture de soi devant sa mort, pour le sida
3) La route, Cormac McCarthy (2006), parce que désormais la fin du monde ne pourra plus être prise à la légère
4) Beloved, Toni Morrison (1987), pour l'engagement, pour les femmes noires
5) American psycho, Brett Easton Ellis (1991), pour l'écriture cannibale qui phagocytera la pub, les marques, l'oral et le cinéma
6) L'histoire d'une vie, Aharon Appelfeld (1999), pour le fragmentaire, la force de témoigner malgré tout de la shoah
7) Les exclus, Elfriede Jelinek (1981), pour le faits divers devenu littérature, pour l'effet sur le lecteur
8) Middlesex, Jeffrey Eugenides (2002), pour toutes les cultures d'un entre-deux
9) Kitchen, Banana Yoshimoto (1987), pour le japon qui devient autre
10) Le dieu des petits riens, Arundhati Roy (1997), pour l'Inde et ses folies
11) Le grand cahier, Agota Kristof (1986), pour l'écriture précise, cruelle, magnifique
12) L'amant, Marguerite Duras (1984), parce qu'écrire l'amour aussi bien, c'est incroyable
Sébastien Rose
Cinéaste
1) Si par une nuit d'hiver un voyageur (1979), Italo Calvino
Un roman impossible à abandonner qui convie le lecteur à une expérience de lecture unique, un exercice de style complètement hallucinant.
2) Le Neveu de Wittgenstein (1982), Thomas Bernhard
Les thématiques de l'amitié et de la maladie sont abordées dans ce livre à la prose captivante, où l'on retrouve la rage, et le brillant sarcasme typique de Bernhard.
3) L'amour aux temps du choléra (1985), Gabriel García Márquez
Une formidable exploration du thème de l'amour sous tous ses angles. Le récit chaud et envoûtant d'une grande passion sur une période de 60 ans.
4) Where I'm Calling from (1988), Raymond Carver
L'ouvrage ultime d'un des plus grands nouvellistes américains. Une écriture précise et simple, dénuée d'artifices et extrêmement touchante.
5) Les versets sataniques (1989), Salman Rushdie
Ma liberté s'arrête là où cesse celle de l'autre...
6) L'immortalité (1990), Milan Kundera
Un récit impossible à résumer où les destinées de personnages contemporains sont juxtaposées à un récit mettant en scène Goethe qui rencontre Hemingway (entre autres). L'immortalité est une variation thématique à plusieurs voix, construit comme une pièce de musique. Une critique vitriolique d'un monde avec lequel on se débat toujours, un monde où règnent le superficiel, l'image et la rapidité.
7) Pastorale américaine (1997), Philip Roth
La vie rêvée d'un homme ordinaire imaginée par Nathan Zuckermann. Le plus classique des romans de Roth. Un ouvrage qui aborde brillamment les thématiques de l'identité et du judaïsme. Une véritable allégorie de l'Amérique.
8) Le monde de Barney (1997), Mordecai Richler
Un roman sur la mémoire, sur Montréal et le Québec, par un des plus grands écrivains canadiens – a stranger among us...
9) Disgrâce (1999), John Maxwell Coetzee
Un roman percutant qui nous éclaire sur un des plus sombres chapitres du XXème siècle.
10) Les anneaux de Saturne (1999), Winfried Georg Sebald
L'art de voyager sur place ou en marchant, ou l'art de la digression poussé à son paroxysme.
11) Neige (2002), Orhan Pamuk
Un roman extrêmement profond et beau où s'entremêlent la quête de l'amour et l'avenir d'une nation au carrefour de l'Occident et de l'Orient.
Marc S���©guin
Peintre
1) Chronique d'une mort annoncée, Gabriel García Márquez (1981)
2) L'immortalité, Milan Kundera (1990)
3) La servante écarlate, Margaret Atwood (1985)
4) Le complot contre l'Amérique, Philip Roth (2004)
5) En Amérique, Susan Sontag (1999)
6) Les Années, Annie Ernaux (2008)
Patrick Senécal
Romancier
1) Le parfum, de Patrick Süskind (1985)
Un livre tout à fait unique. Une sorte de conte philosophique dans la tradition de Voltaire. Un livre drôle et cauchemardesque à la fois. Le plus incroyable, c'est que l'auteur a réussi à jouer avec le sens le plus difficile à évoquer en littérature: l'odorat. Un livre que l'on sent autant que l'on lit.
2) Les cerfs-volants, de Romain Gary, paru en 1980, juste avant qu'il ne se suicide
Un livre magnifique, qui parle d'une histoire d'amour pendant la seconde guerre mondiale. Encore une fois, Gary pose un regard sans merci sur l'humanité tout en réussissant à montrer que la vie peut aussi être magnifique. Une écriture qui tire les larmes.
3) Les combustibles, d'Amélie Nothomb (1994)
Sorte de mélange entre le roman et le théâtre, Nothomb nous livre un constat terrible mais lucide dans cette histoire: quand on souffre, l'art ne sert finalement à rien. Une oeuvre qui m'a ébranlé et qui m'a fait beaucoup réfléchir.
Ana Sokolovic
Compositrice
1) Le Parfum, Patrick Süskind (1985), l'odeur et l'omnipuissance de celui-ci sur l'humain.
2) Le dictionnaire Khazar, Milorad Pavic (1984)
3) Le pendule de Foucault, Umberto Eco (1988)
4) L'insoutenable légèreté de l'être, Milan Kundera (1984)
5) La trilogie newyorkaise, Paul Auster (1985-1988)
Julie Vincent
Dramaturge, professeure et metteure en scène
1) Roberto Bolano : lucidité tranchante et intégration de ses maîtres Cortázar et Borges, entre autres. Surtout : Les détectives sauvages (2006) et Des putains meurtrières (2003).
2) Enrique Vila-Matas : la construction éblouissante, en quête intérieure, la construction romanesque éblouissante et l'intertextualité à la virtuosité phénoménale. Surtout Le mal de Montano (2002).
3) Carlos Liscano : auteur de l'Uruguay absolument captivant, remarquable du fait que c'est la prison pendant treize ans qui a fait de lui un écrivain. Surtout Le fourgon des fous (2006) et Le rapporteur et autre récits (2005).