« Ça fait deux fêtes des Mères qu’on est à distance », dit Blanche Louis-Michaud, de Vancouver. « Je m’ennuie de son merveilleux gâteau Reine-Élisabeth, s’exclame Sylvie Louis, sa mère, qui vit à Montréal. Blanche le fait depuis qu’elle a 12 ans. C’est le meilleur au monde ! » Réunies lors d’une visioconférence, mère et fille sont visiblement complices.

Sylvie Louis, c’est l’autrice de la série jeunesse Le journal d’Alice, dont les 14 tomes connaissent le succès tant au Québec qu’en Europe. Ils sont actuellement réédités sous le titre Le journal secret d’Alice Aubry, en versions illustrées par... Blanche Louis-Michaud, diplômée en arts visuels de l’UQAM. Le 5e tome de cette refonte vient de paraître, chez Dominique et compagnie.

Alice, c’est une attachante jeune fille en fin d’école primaire, bien entourée par ses amis, ses parents et ses deux sœurs. Son histoire a germé dans l’esprit de Sylvie Louis alors qu’elle n’avait que 23 ans. Elle vivait alors en Belgique, son pays d’origine. « J’ai juste écrit 10 pages, se souvient l’autrice. J’avais l’expérience d’avoir été un enfant, mais je n’avais pas d’expérience de parent. »

Écrire au lieu de dormir

Après avoir immigré au Québec, Sylvie Louis a donné naissance à Blanche. Puis, Alice lui a refait signe... « J’étais enceinte de Charlotte, la petite sœur de Blanche, quand j’ai eu l’idée d’un passage du Journal d’Alice », précise l’autrice. Tranquillement, les quatre premiers tomes ont été écrits, souvent entre 22 h 30 et 0 h 30. Il fallait d’abord travailler – Sylvie Louis était journaliste pigiste – et s’occuper de la famille réelle, avant de se consacrer à la fictive.

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Blanche Louis-Michaud illustre aussi la série Marie Demers, publiée chez Dominique et compagnie.

« La famille d’Alice, ce n’est pas du tout notre famille, souligne Sylvie Louis. Mais des fois, Blanche et sa sœur rentraient de l’école et me disaient : “Oh, Maman, il est arrivé quelque chose d’incroyable en classe !” Ça pouvait donner de très bonnes anecdotes. Tout de suite, mon imagination embrayait. »

En retour, la vie de Blanche et de Charlotte a aussi été influencée par Alice. Puisqu’un personnage du Journal d’Alice adore les cochons, « Blanche s’est prise d’une passion pour le cochon, qui est devenu son animal préféré », s’amuse Sylvie Louis. Autre exemple : comme la mère d’Alice cuisine souvent du tofu, Sylvie Louis s’est mise à l’apprêter.

Grandir avec Alice

« J’ai vraiment grandi avec Alice, témoigne Blanche Louis-Michaud. Quand j’étais petite, ma mère me lisait des extraits de ce qu’elle écrivait. Comme j’ai toujours adoré dessiner, à 7, 8 ou 9 ans, je dessinais la scène qu’elle venait de me raconter et je la lui donnais. »

C’est en 2010 que le premier tome du Journal d’Alice a été publié. Blanche Louis-Michaud rêvait d’y poser sa griffe, mais elle n’était qu’en 5e secondaire. C’est l’illustratrice professionnelle Christine Battuz qui a imaginé Alice. « C’était bien comme ça », assure Sylvie Louis.

« Oui, confirme Blanche Louis-Michaud. Avec l’expérience que j’ai maintenant, je suis capable d’exprimer les émotions et de rendre les scènes exactement comme je veux. »

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Extrait du Journal secret d’Alice Aubry, tome 5, texte de Sylvie Louis, illustrations de Blanche Louis-Michaud

« Blanche me dit souvent qu’elle éclate de rire quand elle relit les textes que je lui envoie, souligne Sylvie Louis. Et moi, quand je découvre les illustrations de Blanche, des fois, je pouffe de rire ! »

Je pense que si les lectrices connectent autant avec Alice, c’est parce qu’il y a beaucoup de fun derrière sa création.

Blanche Louis-Michaud

Beaucoup de plaisir et beaucoup de travail – Sylvie Louis s’est consacrée à temps plein au Journal d’Alice, pendant des années. « J’ai besoin d’être dans la pulpe des mots pour en extraire le plus de vie possible », décrit l’autrice.

Projet de scrapbook

Alice n’ira pas au secondaire. « Elle dit vraiment tout ce qui se passe dans sa vie et dans sa tête, observe Sylvie Louis. J’ai beaucoup de jeunes lectrices, ce qui fait que je n’ai pas envie de commencer à aborder des choses qui ne sont pas pour elles. »

Mère et fille ont le projet de publier ensemble un scrapbook d’Alice, ou encore un album sur un sujet complètement différent. « Évidemment, toute ma carrière n’est pas basée sur du travail avec ma maman, dit en rigolant Blanche Louis-Michaud. Mais j’aimerais vraiment continuer à collaborer avec elle. »

Agente de bord chez Air Canada en plus d’être illustratrice, Blanche Louis-Michaud avait l’habitude de rentrer souvent à Montréal. « Je pense que je n’avais jamais manqué de fête des Mères avant, réfléchit-elle. Avec la pandémie, c’est plus dur. J’ai mis mes ailes de côté. » Heureusement, il reste la création – et les visioconférences – pour se rapprocher.

Au total, 275 000 livres des séries Le journal d’Alice et Le journal secret d’Alice Aubry ont été vendus, au Québec seulement. À noter : Le journal d’Alice est aussi publié en... arménien.

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Le journal secret d’Alice Aubry, tome 5, texte de Sylvie Louis, illustrations de Blanche Louis-Michaud

Le journal secret d’Alice Aubry, tome 5
Texte de Sylvie Louis
Illustrations de Blanche Louis-Michaud
Éditions Dominique et compagnie
Dès 8 ans