Si Michel-Maxime Legault s’était appelé Michelin, tout aurait été différent. C’est en tout cas ce que l’auteur s’amuse à imaginer dans cet éloquent monologue autobiographique où il trace les contours de la vie qu’aurait mené son double.

Que serait-il devenu s’il avait suivi l’autre voie, celle de correspondre aux attentes de son milieu ? Dans cette œuvre qui touche droit au cœur, il est question de ruralité, d’homosexualité et de masculinité, mais aussi d’art et d’animaux. Celui qui s’est « lancé dans la culture pour fuir l’agriculture » y raconte sporadiquement son enfance passée dans une ferme de Saint-Polycarpe, à baptiser des vaches de noms d’actrices et à introspecter.

On apprend à connaître sa famille colorée, de la « sœur schizophrène qui avait toute sa tête » au « frère empreint de jalousie », en passant par la mère aux amusantes expressions. « Tu vas où quand t’étais supposé t’appeler Michelin, que tu ne reprends pas la ferme familiale, que t’as un diplôme en jeu et que t’auras pas d’enfants pur-sang ? », se demande Michel-Maxime Legault. Parsemé des réflexions rafraîchissantes sur les classes sociales d’un fils de fermier parmi les « faiseux de théâtre », Michelin est un bijou d’humour qui se lit d’une traite et qui ne manque pas d’ébranler pour autant.

Michelin

Michelin

Quartz

93 pages

7,5/10