Chloé Delaume nous avait complètement conquise avec son précédent roman, Le cœur synthétique, sur les hauts et les bas des relations amoureuses hétérosexuelles d’une femme dans la cinquantaine. Un regard hilarant, décapant et féministe sur les attentes et les déceptions de chacun, qui avait valu à son autrice le prix Médicis en 2020.

Elle nous revient avec Pauvre folle, un roman autobiographique dans lequel la narratrice profite d’un voyage en train pour réfléchir à une relation complexe et vouée à l’échec avec un homme gai.

Delaume a un parcours de vie tragique. Elle a été témoin du meurtre de sa mère par son père, une expérience dont on ne ressort pas indemne, on s’en doute. Elle a également vécu des problèmes de santé mentale et reçu un diagnostic de bipolarité. Creusant à nouveau le thème des relations amoureuses, elle les réfléchit cette fois-ci à la lumière de ses blessures d’enfance. On dit souvent que dans la vie, on répare ou on répète. Dans quel camp se retrouve Clotilde, la narratrice ? S’est-elle libérée de ses fantômes ou a-t-elle reproduit les schémas familiers, mais destructeurs dans cette relation de dépendance où elle n’est visiblement pas en contrôle ? Ce n’est jamais simple…

On retrouve la même maîtrise de l’écriture et la même intelligence lucide dans ce roman que dans le précédent, même si l’humour et la légèreté y sont moins présents. Quant à Clotilde, elle ne réussit malheureusement pas à nous émouvoir. Dommage.

Pauvre folle

Pauvre folle

Seuil

233 pages

6,5/10