Bien entamé avec Il fait un temps de bête bridée (2016) et Par la peau des couleuvres (2019), le parcours poétique de Mathieu Simoneau se poursuit sous le regard du soleil dans son troisième recueil publié au Noroît.

Le poète maîtrise une écriture aussi ciselée que luxuriante. Il fait partie de cette génération d’auteurs et d’autrices qui mettent le nez dehors pour prendre racine. Ses mots reniflent ainsi le péril environnemental dans un monde qui n’est plus « qu’une tôle froissée », où « les maisons cèdent » et « tout se passe sans sourires ».

Des longueurs dans le crépuscule annonce également un duel personnel entre un écrivain déserté par le rêve et le soleil tout puissant qui fait en sorte que le temps n’est rien. C’est l’histoire d’un homme qui entreprend la pente descendante de la vie, en « chute libre », et qui assume la lenteur imposée par le silence des morts.

« le courage / c’est savoir / s’enchaîner au crépuscule / et décliner / marcher dans les traces d’une bête / qui nous précède / et qu’on ne verra jamais / culminer dans son règne. »

Dans une planète qui tourne trop vite, à l’hiver de l’humanité, Mathieu Simoneau nomme les blessures, les yeux ouverts, muni de paroles arrachées aux arbres par le vent et de gènes brassés par des fougères.

Le poète espère un épuisement du noir et sème des mots en longs sillons. Sa faune intérieure le replace, nous replace, dans la peau du lièvre que nous sommes tous, cette « bête sauvage hors d’atteinte », et peut-être même tels des « saumons entêtés » portant l’amour de l’un à l’autre.

Des longueurs dans le crépuscule

Des longueurs dans le crépuscule

Noroît

96 pages

8/10