Un monde absurde, mais fascinant. Voilà comment Gilles Archambault conclut ce recueil de textes personnels, La candeur du patriarche, qu’il affirme être son dernier. L’homme aura bientôt 90 ans et il dit aussi : « Jamais je n’aurais cru vivre si longtemps. »

À chaque âge de la vie, cependant, l’écrivain discret aura été là pour décrire ce que nous vivons tous, entre l’insignifiance et l’émerveillement. Il revient dans ce livre sur son travail d’écrivain, sa vie professionnelle et familiale, en saluant au passage ses amis disparus, François Ricard et Jacques Brault notamment.

Il confesse ici ses contradictions, ses redites et ses faiblesses. Dans un style toujours précis, sans fioritures, bref, en usant du mot approprié. C’est ce qui le rend si attachant, malgré le sourire en coin qui semble, parfois, lui manquer.

Candeur, il y a tout de même. L’écrivain commence et termine le livre en saluant son petit-fils Gabriel. C’est d’ailleurs lorsqu’il parle de sa famille, surtout de la femme qu’il a aimée et qui est partie avant lui, que sa prose devient la plus touchante. Non pas qu’il songe à quelqu’un pour marcher dans ses pas, mais bien par un profond respect de l’existence, surtout celle des autres.

Gilles Archambault a toujours écrit en observant ses prochains. Cette attention réelle, entière, même si elle passe par le « je » du témoin déclaré et éclairé qu’il est, nous laisse une œuvre véritable qui sera d’actualité demain et après-demain.

Il a beau dire qu’il en a fini, il est facile de l’imaginer en ce moment même sur son banc de parc, notant un tout petit détail dans l’air ou dans les gestes du passant pour en tirer une nouvelle sur le non-sens de la vie. Voilà qui a vraiment du sens.

La candeur du patriarche

La candeur du patriarche

Boréal

112 pages

8/10