L’océan n’est jamais loin dans Atlantique Nord, premier roman sublime, aérien et contemplatif que signe Romane Bladou, une artiste visuelle et photographe installée à Vancouver. Nous lui avons parlé lors de son passage à Montréal, cette semaine, en chemin pour le Salon du livre de Québec.

« Parfois, on prétend regarder le paysage pour reprendre notre souffle ; parfois, on prétend reprendre notre souffle pour regarder le paysage », écrit Romane Bladou.

Ces paysages à couper le souffle, elle les a cherchés et photographiés à Terre-Neuve, en Écosse, en Islande et en Bretagne. « J’ai commencé à écrire toutes ces fois où je voulais prendre une photo et que je n’avais pas [mon appareil] avec moi, dit-elle. Pour m’en souvenir. »

Photos de la série Atlantique Nord
  • De 2017 à 2022, Romane Bladou a pris des clichés à Terre-Neuve, en Écosse, en Islande et en France.

    PHOTO FOURNIE PAR ROMANE BLADOU

    De 2017 à 2022, Romane Bladou a pris des clichés à Terre-Neuve, en Écosse, en Islande et en France.

  • De 2017 à 2022, Romane Bladou a pris des clichés à Terre-Neuve, en Écosse, en Islande et en France.

    PHOTO FOURNIE PAR ROMANE BLADOU

    De 2017 à 2022, Romane Bladou a pris des clichés à Terre-Neuve, en Écosse, en Islande et en France.

  • De 2017 à 2022, Romane Bladou a pris des clichés à Terre-Neuve, en Écosse, en Islande et en France.

    PHOTO FOURNIE PAR ROMANE BLADOU

    De 2017 à 2022, Romane Bladou a pris des clichés à Terre-Neuve, en Écosse, en Islande et en France.

  • De 2017 à 2022, Romane Bladou a pris des clichés à Terre-Neuve, en Écosse, en Islande et en France.

    PHOTO FOURNIE PAR ROMANE BLADOU

    De 2017 à 2022, Romane Bladou a pris des clichés à Terre-Neuve, en Écosse, en Islande et en France.

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Mais il y a aussi toutes ces sensations et ces émotions que fait naître la proximité de l’océan et de ses vagues déchaînées qui ne trouvaient pas leur place dans les images.

Dans ces notes griffonnées en voyage, elle a donc commencé par décrire le froid, le vent sur sa peau. « J’ai un peu créé des personnages pour servir les lieux », ajoute-t-elle. Des lieux choisis pour la beauté de leurs paysages, leurs falaises escarpées et cette impression de bout du monde qui en émane.

Atlantique Nord raconte en fait quatre lieux liés à quatre personnages. Il y a d’abord Camille, qui travaille dans un café de Port Rexton, à Terre-Neuve. Qui se demande ce qu’elle fait encore là, puisque même les baleines sont parties. Sur l’île de Mull, en Écosse, où Romane Bladou a travaillé dans une auberge de jeunesse, on rencontre William, un garçon curieux de 8 ans qui compte les jours en attendant le retour de son père.

« Ce sont tous des endroits où je suis restée assez longtemps ; en Écosse, je faisais le ménage le matin à l’auberge et l’après-midi, je me promenais, j’écrivais. »

Avec Lou, en Islande – où elle a fait une résidence artistique en 2018 –, on découvre « la mer qui prend, qui est colérique », dit l’autrice. « C’est un peu l’histoire qui est la plus triste. Il est dans le déni de la mort de son frère qu’il cherche dans les derniers lieux où il s’est trouvé. »

Puis il y a la Bretagne, avec Célia, une adolescente qui voudrait bien trouver une ardeur à travers « la somnolence ambiante » de l’école.

Ce que j’ai essayé de faire avec chaque histoire, c’est de représenter nos relations avec l’océan de différentes manières.

Romane Bladou

D’une côte à l’autre

Bien que leurs histoires soient loin de se ressembler, tous ces personnages sont unis par une même solitude et un désir de fuite qui les pousse à chercher des réponses face à l’océan. Du fond de la mer, un observateur silencieux les scrute : le lompe, ce poisson particulier qu’elle a découvert dans un laboratoire de biologie marine, en Islande, et qui vit sur les deux rives de l’Atlantique Nord. « Quand j’ai commencé à faire mes recherches là-dessus, je me suis dit : c’est mon personnage. Un peu comme un personnage commun entre tous ces lieux », dit Romane Bladou.

D’ailleurs, ces errances romanesques aux quatre coins de l’Atlantique Nord sont en quelque sorte à l’image de la vie de la jeune femme, qui est arrivée à Montréal, de la France, à l’âge de 14 ans. Elle a passé huit ans au Québec avant de mettre le cap sur l’Ouest, pour faire sa maîtrise en photographie à Vancouver, où elle a vécu ces cinq dernières années. Cet été marquera son « grand retour » en France, un voyage auquel elle songeait depuis un certain temps ; mais elle n’exclut pas pour autant de revenir un jour au Québec. D’une rive à l’autre, sa seule certitude est que sa vie continuera de s’écrire autour des images et des mots.

Romane Bladou sera en séance de dédicace ce samedi, dès 14 h, au Salon international du livre de Québec.

Consultez la page de l’autrice sur le site du Salon
Atlantique Nord

Atlantique Nord

La Peuplade

264 pages