Elle est française, mais son nouveau livre, L’enfant rivière, est un roman catastrophe situé dans un avenir proche… en Outaouais. Nous avons rencontré Isabelle Amonou lors de son passage à Montréal, à la veille de son départ pour le Salon du livre de l’Outaouais, qui la reçoit dans les prochains jours à titre d’invitée d’honneur.

On est en 2030, aux abords de la rivière qui sépare Gatineau et Ottawa. À Gattawa, pour reprendre le surnom donné à cette région par l’un des personnages du roman.

Alors qu’une tornade d’une rare violence a dévasté la zone et que des incendies font rage dans l’Ouest, la guerre civile qui déchire les États-Unis pousse les Américains à migrer vers le nord, dont un grand nombre de jeunes qui traversent seuls le chemin Roxham et se réfugient en forêt, craignant d’être expulsés en Alaska par les autorités canadiennes.

« Je voulais mettre en scène un phénomène migratoire et climatique assez dramatique », confie Isabelle Amonou.

En « mode thriller », précise-t-elle.

Et c’est réussi ; le suspense sournois qui s’installe dès les premières pages se maintient tout au long de cette lecture sous haute tension. Par moments, on pourrait croire qu’on a atterri dans un roman d’Andrée A. Michaud. Bondrée est d’ailleurs l’un des titres qui ont profondément marqué Isabelle Amonou lors de la résidence d’écriture qui a donné naissance à L’enfant rivière.

En novembre 2019, celle qui est en fait ingénieure de métier à Rennes, en France, – et écrivaine dans ses temps libres – a été invitée à passer un mois dans la maison historique Fairview, à Gatineau. « Un lieu vraiment magnifique et inquiétant au possible, posé au milieu d’un parc municipal, où il n’y a personne le soir », dit-elle, tout sourire à l’évocation de cet endroit.

J’ai adoré l’expérience, mais il y a des gens qui me demandaient si je n’avais pas peur d’être seule dans cette vieille maison énorme, avec plein de recoins, une cave un peu mystérieuse, des planchers qui craquent…

Isabelle Amonou

Cette ambiance particulière, « vraiment une ambiance de Shining », ajoute-t-elle entre deux rires, a sans aucun doute agi sur l’atmosphère du livre – quoique l’autrice de Morts fines à Morlaix ait déjà été une habituée du roman noir et une fervente lectrice du genre.

Écrire à distance

Fascinée depuis toujours par les grands espaces de l’Amérique du Nord, Isabelle Amonou a passé son séjour à Gatineau à se promener au bord de la rivière, notamment en compagnie de l’auteur et passionné d’histoire Raymond Ouimet, qui a été son partenaire de résidence. « Raymond m’a montré ces endroits de portage où l’on devait mettre le kayak sur son dos pour pouvoir remonter la rivière à pied avant de la reprendre un peu plus loin. C’était fascinant », se souvient-elle.

À pied, elle a traversé tous les ponts qui séparent Gatineau et Ottawa, prenant des photos qui lui ont permis par la suite de situer son roman avec une grande précision. « Une de mes sources d’inspiration, c’était aussi le Musée des beaux-arts du Canada, où il y avait de très belles expositions sur l’art autochtone. »

De retour en France, elle s’est mise à lire beaucoup – sur l’histoire du Québec, sur la Commission de vérité et réconciliation – avant d’amorcer l’écriture du roman, en plus de continuer à suivre l’actualité nationale.

J’ai lu beaucoup de témoignages autour de la Commission et ce que je raconte dans le livre, c’est en fait un agglomérat de plusieurs témoignages. Pour le passage du chemin Roxham, je me suis inspirée d’articles que j’ai lus. Puis, il y a eu le scandale du pensionnat en Colombie-Britannique et le village de Lytton qui a été dévasté par un incendie.

Isabelle Amonou

Toutes ces lectures ont fini par s’infiltrer dans l’histoire d’une manière ou d’une autre. Et si L’enfant rivière tourne autour de la quête de son héroïne, Zoé, qui cherche à retrouver son fils disparu, il aborde également les questions d’identité sans jamais sonner faux, ce qui représentait tout un défi pour l’autrice qui a longtemps craint de verser dans l’appropriation culturelle.

En attendant de pouvoir retourner au Québec au printemps, pour voir cette rivière « quand elle est toute vivante », Isabelle Amonou continue pour l’instant de vivre en fiction en Outaouais. « Avec Raymond Ouimet, on a sympathisé et on a entamé une collaboration. On est donc en train de finir un roman policier à quatre mains qui se passe à Gatineau, dans les années 1950. » Une enquête à découvrir.

Isabelle Amonou sera à la Librairie du Square d’Outremont, ce mardi soir à 18 h, pour une rencontre avec Philippe Yong, auteur du roman Hors-sol. Elle sera en séances de signatures au Salon du livre de l’Outaouais de vendredi à dimanche, en plus d’accorder un entretien à Julie Huard, vendredi à 17 h 30 ; elle participera également aux Contes autour du feu, samedi à 18 h 30.

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L’enfant rivière

L’enfant rivière

Dalva

302 pages