(Santiago du Chili) Deux membres du panel d’experts ayant enquêté sur la mort mystérieuse du poète chilien Pablo Neruda ont indiqué jeudi à l’AFP ne pas avoir pu déterminer si le décès en 1973 du Prix Nobel de littérature était dû ou non à un empoisonnement.

La bactérie clostridium botulinum « était présente au moment de sa mort, mais nous ne savons toujours pas pourquoi. Nous savons simplement qu’elle ne devrait pas être là », ont indiqué Hendrik et Debi Poinar de l’université canadienne McMaster.  

Ils ont ainsi confirmé à l’AFP leurs déclarations mercredi dans un article de leur université.

Tous deux font partie du panel d’experts internationaux ayant enquêté sur un possible empoisonnement du poète chilien, dont les conclusions ont été remises mercredi à Paola Plaza, juge chilienne chargée de l’affaire.  

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La juge Paola Plaza, en conférence de presse mercredi

Cette dernière a indiqué lors d’une conférence de presse mercredi que le rapport allait être étudié afin que le tribunal puisse se prononcer, sans préciser la durée de cette étape d’évaluation.

Hendrik et Debi Poinar ont indiqué avoir travaillé à la demande de la justice chilienne pendant quatre ans afin de déterminer si le poète avait été empoisonné ou non. La théorie de l’empoisonnement est évoquée depuis plus d’une décennie au Chili.

Les deux chercheurs ont précisé avoir pu récupérer l’ADN de Pablo Neruda sur l’une de ses molaires, mais, en raison de sa dégradation, n’être parvenus à reconstruire qu’un tiers du génome de la bactérie clostridium botulinum.

Selon eux, il est cependant possible de le reconstruire dans sa totalité sans nouvelle exhumation. « Il y a suffisamment de matériel pour le faire avec ce que nous avons au laboratoire. Nous avons juste besoin d’avoir l’accord du tribunal », ont-il assuré à l’AFP.

Pablo Neruda est mort le 23 septembre 1973, douze jours après le putsch du général Augusto Pinochet contre le président socialiste Salvador Allende, grand ami du poète.

Des experts internationaux avaient rejeté à l’unanimité en 2017 la version officielle du régime militaire assurant qu’il n’était pas mort d’une aggravation subite de son cancer.

Mais ils n’avaient pu confirmer ni exclure la possibilité d’une contamination volontaire et délibérée par l’injection de germes ou de toxines bactériennes.

Selon cette théorie de l’empoisonnement, Pablo Neruda aurait succombé à une injection faite la veille de son départ pour le Mexique, où il envisageait de s’exiler pour y diriger l’opposition au régime Pinochet (1973-1990).

Le panel d’experts internationaux a analysé les résultats de prélèvements sur les restes du poète dont le corps avait été exhumé en avril 2013 de la crypte où il reposait depuis 1992, à Isla Negra, à 120 kilomètres à l’ouest de la capitale chilienne.