Une épopée inspirée

Heureux qui comme Ugo
Réal Godbout et Robin Bourget-Godbout
La Pastèque
187 pages
Réal Godbout, coauteur avec Pierre Fournier des séries Michel Risque et Red Ketchup, aime ce que certains appellent la « grande » littérature. Il y a 10 ans, il signait une adaptation de L’Amérique ou le disparu, roman inachevé de Kafka. Cet hiver, avec la collaboration de son fils Robin Bourget-Godbout au scénario, le bédéiste présente un superbe bouquin inspiré d’un récit fondateur de la littérature occidentale : l’Odyssée d’Homère.
Extraits d’Heureux qui comme Ugo
-
IMAGE FOURNIE PAR L’ÉDITEUR
Planche d’Heureux qui comme Ugo
-
IMAGE FOURNIE PAR L’ÉDITEUR
Planche d’Heureux qui comme Ugo
-
IMAGE FOURNIE PAR L’ÉDITEUR
Planche d’Heureux qui comme Ugo
Heureux qui comme Ugo (le titre est un clin d’œil à Joachim du Bellay, poète français du XVIe siècle) raconte une croisière pas comme les autres : un séjour en Méditerranée sur les traces d’Ulysse. L’idée est celle d’un armateur grec baptisé Aristote, qui cherche désespérément à se renflouer. Pour le voyage inaugural de son yacht Amphitrite, il a donc invité des voyageurs argentés qui pourraient lui faire une bonne publicité et un chroniqueur spécialisé en tourisme, le Québécois Ugo Saint-Germain.
Ugo vit sans attaches depuis sa séparation d’avec la mère de son fils, restée au Québec avec l’enfant maintenant adolescent. Il a fait plusieurs fois le tour du monde, mais a de plus en plus le sentiment de tourner en rond. Le luxe ne l’intéresse pas, mais il est en revanche intrigué par l’idée d’aller de la Grèce à la Tunisie en passant par la Sicile sur les traces d’Ulysse. Or, cette traversée n’est que le prétexte à des activités louches, et Ugo se retrouvera au cœur d’une aventure qui risque fort de mal tourner…
Godbout père et fils signent ici un ouvrage foisonnant, teinté d’humour, mais qui pose aussi un regard critique sur le tourisme et souligne notamment la tragédie des migrants qui cherchent à atteindre l’Europe par la Méditerranée. Ugo n’est pas un héros au sens propre, mais il a quelque chose d’un Tintin moderne (la manière de Godbout évoque Hergé et l’album fait quelques clins d’œil à son œuvre). Le soin qu’il apporte au rendu de l’architecture et de l’art grecs ainsi que les multiples références à la mythologie donnent beaucoup de profondeur à ce récit qui explore en arrière-plan les relations père-fils.
Alexandre Vigneault, La Presse
Jimi avant Hendrix

Kiss the Sky
J.M. Dupont et Mezzo
Glénat
87 pages
Kiss the Sky est le titre d’une compilation de chansons de Jimi Hendrix publiée dans les années 1980, avant que sa succession ne se mette à exhumer tous les fonds de tiroir imaginables. C’est aussi le titre choisi par les bédéistes Jean-Michel Dupont et Mezzo pour leur album qui a l’ambition de raconter la vie de Jimi Hendrix. Ce premier tome se consacre à l’enfance du futur guitar hero, marquée par une mère pas fiable, un père violent, la ségrégation raciale et la pauvreté. Jimi (né Johnny Allen Hendrix) finira par s’en sortir grâce à la musique. Ce n’est pas un conte de fées : ses débuts furent laborieux et l’album détaille ses nombreuses collaborations, ses nombreux échecs et ses nombreuses maîtresses, ce qui le rend d’ailleurs un peu redondant. La peinture d’époque et le portrait de société s’avèrent toutefois puissants et magnifiquement portés par le noir et blanc hyper contrasté de Mezzo, plus proche de l’Américain Charles Burns que de son compatriote Chabouté.
Extraits de Kiss the Sky
-
IMAGE FOURNIE PAR L’ÉDITEUR
Planche de Kiss the Sky
-
IMAGE FOURNIE PAR L’ÉDITEUR
Planche de Kiss the Sky
-
IMAGE FOURNIE PAR L’ÉDITEUR
Planche de Kiss the Sky
Alexandre Vigneault, La Presse
Pour les mordus de mangas
Burlesque, décapant et grivois

Dandadan
Yukinobu Tatsu
Crunchyroll
Tomes 1 et 2, n & b
Bien que ses deux protagonistes semblent a priori très classiques, à savoir un jeune écolier à tendance nerd et sa camarade au caractère flamboyant, ce manga nous plonge très rapidement dans un feu de l’action assez déjanté. Tentant de prouver à l’un et à l’autre que les fantômes et les extraterrestres vivent parmi nous, Momo et Ken se retrouvent embarqués dans des aventures où les créatures improbables se multiplient à leurs trousses, à l’image de Mémé-Turbo, le spectre d’une vieille femme grivoise. Le burlesque caricatural et l’humour décalé, omniprésents dans les dialogues et dessins (l’auteur assure les deux), font de cette série un divertissement extravagant à dévorer l’esprit léger. Le zeste d’ecchi (lire : un peu cochon) injecté à l’occasion hausse le seuil de la moyenne d’âge du public cible (de l’ado mature à l’adulte un peu frivole).
-
IMAGE FOURNIE PAR L’ÉDITEUR
Planche de Dandadan
-
IMAGE FOURNIE PAR L’ÉDITEUR
Planche de Dandadan
-
IMAGE FOURNIE PAR L’ÉDITEUR
Dandadan, de Yukinobu Tatsu
Sylvain Sarrazin, La Presse
Entre douceur et fumets

La maison des maiko
Aiko Koyama
Noeve Grafx
Tomes 1 et 2, n & b
Il est doux, il est lent, il sent bon, et qui plus est, il nous fait découvrir un univers peu commun. La maison des maiko nous juche sur l’épaule de Kiyo, une jeune campagnarde s’étant rendue à Kyoto pour devenir une apprentie geisha (ce que désigne le terme maiko), femme aux multiples talents artistiques. Malgré son échec, elle est sollicitée pour tenir les fourneaux de l’institution, partageant ainsi le quotidien des prétendantes en formation. Le récit, avec sa naïveté et son côté enfantin assumé (dans le bon sens du terme), se trouve ponctué d’incursions instructives dans ce monde voilé, mais aussi de présentations culinaires, avec de petites fiches gastronomiques sommaires en guise d’interludes. Pour tous publics, et même les lecteurs à qui la culture japonaise est familière devraient y apprendre des choses.
-
IMAGE FOURNIE PAR L’ÉDITEUR
Planche de La maison des maiko
-
IMAGE FOURNIE PAR L’ÉDITEUR
Planche de La maison des maiko
-
IMAGE FOURNIE PAR L’ÉDITEUR
Planche de La maison des maiko
Sylvain Sarrazin, La Presse
Nostalgie des années 1980

Saint Seiya – Time Odyssey
Jérôme Alquié (dessin, scénario) et Arnaud Dollen (scénario)
Kana
Tome 1, couleur

Dynamic Heroes
Gô Nagai (scénario) et Kazuhiro Ochi (dessin)
Isan Manga
Tome 1, couleur
Deux séries cultes ont eu droit à un vent de fraîcheur grâce à de nouvelles histoires inédites. Commençons par Saint Seiya – Time Odyssey, qui insère un nouvel arc juste avant les épisodes du Sanctuaire. Le récit se concentre sur Ikki, chevalier du Phénix, aux prises avec l’émergence d’une nouvelle puissance divine. Un régal pour les mordus des Chevaliers du Zodiaque (nom francophone de la série), avec des dessins somptueux (intégralement en couleur, en grand format BD franco-belge), des armures étincelantes, le respect du souffle original de l’œuvre (et de ses défauts), et des connexions avec les évènements précédents et futurs de la série. Le travail du duo Alquié-Dollen, approuvé par l’auteur original Kurumada, impressionne.
-
IMAGE FOURNIE PAR L’ÉDITEUR
Planche de Saint Seiya – Time Odyssey
-
IMAGE FOURNIE PAR L’ÉDITEUR
Planche de Dynamic Heroes
En revanche, Dynamic Heroes, la suite officielle de Goldorak scénarisée par Gô Nagai lui-même, ne convainc pas autant. Là aussi, le grand format et les couleurs vibrantes sont séduisants, mais la tonalité de l’histoire, qui est en fait un croisement fictionnel des divers univers de Nagai, déçoit ; la version revisitée publiée l’an passé et signée par un quintette français semble avoir fait mieux que l’original. Notons que pour Saint Seiya comme pour Goldorak, les non-initiés à ces séries pourraient être déboussolés.
Sylvain Sarrazin, La Presse
Autres sorties
-
IMAGE FOURNIE PAR L’ÉDITEUR
Choujin X
-
IMAGE FOURNIE PAR L’ÉDITEUR
Vanupied
La recette classique du fantastique est mise à l’honneur dans deux nouvelles séries traduites en français, Choujin X et Vanupied. La première est signée par Sui Ishida, auteur du manga à succès Tokyo Ghoul, qui reprend un univers sombre où certains individus ont acquis le statut de surhumains. Un bel équilibre d’action, d’humour et de violence (orienté plutôt pour adultes). Original et ciblant les ados et les plus jeunes, le sympathique Vanupied met en scène un monde dans lequel tout vêtement accorde à son porteur une faculté magique. On y suit Luth, orphelin en quête de son grand-père, présentant une réaction particulière aux habits enchantés, et embarqué dans des péripéties inattendues.