Pénurie d’enseignants, jeunes qui quittent la profession, écoles vétustes… Les problèmes dans le milieu de l’éducation sont nombreux à faire les manchettes. Mais derrière les murs des établissements scolaires, il y a aussi du beau. « C’est plein de magie », affirme Marie-Andrée Arsenault, enseignante au secondaire et autrice. Dans La classe de madame A – Récits et bricoles du quotidien, elle raconte les moments drôles, attendrissants et remplis de fantaisie qu’elle a vécus l’année où elle s’est retrouvée dans une école primaire.

Parmi les élèves de Madame A, on compte une fée différente, un dragon qui rugit tout le temps, le sosie de Kevin McCallister et une petite Fifi Brindacier. À leurs côtés, Marie-Andrée Arsenault a passé « huit mois absolument magiques » il y a un peu plus de six ans.

Cette année-là, je revenais à la maison avec mes poches remplies de petits papiers. Je prenais des bouts de carton de construction dans le recyclage et j’écrivais tout ce qu’ils me disaient. […] J’avais l’impression que j’échappais trop de petits moments et que c’était précieux.

Marie-Andrée Arsenault

L’enseignante dévouée, visiblement émue par la rencontre de ces enfants, a pris en note la fois où, pour consoler la fée, le garçon-dragon lui a offert sa plus belle bille. « Elle l’a refusée et lui a demandé si ça pouvait être un diamant », se souvient Marie-Andrée Arsenault.

  • Extrait de La classe de madame A – Récits et bricoles du quotidien

    IMAGE CATHERINE PETIT, FOURNIE PAR LA MAISON D’ÉDITION

    Extrait de La classe de madame A – Récits et bricoles du quotidien

  • Extrait de La classe de madame A – Récits et bricoles du quotidien

    IMAGE CATHERINE PETIT, FOURNIE PAR LA MAISON D’ÉDITION

    Extrait de La classe de madame A – Récits et bricoles du quotidien

1/2
  •  
  •  

L’enseignante a également noté des lapsus cocasses ou des réponses surprenantes à des questions posées en classe. « Savez-vous comment on fabrique un totem ? », a-t-elle déjà demandé à ses « souris de première année ». « C’est un morceau de bois qu’on sculpte avec un canif et… », a commencé un enfant, aussitôt interrompu par le dragon à l’énergie bouillonnante. « On dit pas “canif” ! C’est un mauvais mot. On dit “caniche” ! »

Avant d’assembler toutes ces histoires dans un livre, Marie-Andrée Arsenault les a racontées sur les réseaux sociaux. Dans les 12 dernières années, elle a écrit régulièrement sur Facebook des fragments de son quotidien d’enseignante. Elle en a aussi fait le récit dans la revue de littérature jeunesse Lurelu.

« Ça fait plusieurs années que les gens sur Facebook me disent : “Il faut faire un livre”, confie l’autrice. J’ai essayé plein de fois de colliger tout ça et de créer un fil conducteur. On dirait que ça ne fonctionnait pas. Je n’arrivais pas à créer un ensemble. Et surtout, je ne comprenais pas ce serait pour qui. Est-ce que ça allait être un livre pour les adultes ? Parce que moi, ce sont clairement des adultes qui lisent mon Facebook. Mais en même temps, je parle de la magie des enfants. Est-ce que ça pouvait plaire à des enfants ? Je ne trouvais pas l’équilibre. »

PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Marie-Andrée Arsenault

C’est l’illustratrice Catherine Petit, avec qui elle s’est liée d’amitié lors de la création du livre Un chemin dans la mer, qui l’a poussée à soumettre son projet à une maison d’édition.

« C’est sûr qu’on propose quelque chose. Moi, je le vois », lui a dit celle qui signe les images tout en douceur de La classe de Madame A. Avec leur éditrice, elles ont trouvé ce fameux équilibre qui permet à l’album d’interpeller à la fois les adultes et les enfants.

Les jeunes de 6, 8 ans le lisent avec leurs parents et ils ont l’impression d’être complices avec le professeur. D’être de l’autre côté du bureau de l’enseignant, si l’on veut.

Marie-Andrée Arsenault

Des enfants inspirants

Cet automne, en plus de La classe de Madame A, l’autrice fait paraître La caresse de l’ours polaire. L’album pour les 4 ans et plus est inspiré, encore une fois, des élèves de Marie-Andrée Arsenault, plus précisément par celle qu’elle surnomme sa « fée », une fillette avec un trouble du spectre de l’autisme.

« C’était une enfant tellement spéciale, tellement magique, avec une telle fragilité. C’est comme si elle n’avait pas de barrière pour se protéger du monde. Elle absorbait tout », explique-t-elle.

Avec trois parutions en 2022, l’autrice, qui a signé le roman La guerre des pupitres en janvier dernier, songe-t-elle parfois à arrêter d’enseigner ? « Ben non ! J’en ai besoin de ces enfants-là ! », répond celle qui enseigne cette année au secondaire à l’école bilingue The Study, à Montréal.

« Je réalise que j’apprends autant que mes élèves dans une année, poursuit-elle. Ils m’apprennent des choses sur le monde dans lequel on vit. Ils me montrent la force de caractère qu’on peut avoir, ce que c’est que de s’affirmer, de prendre sa place, d’être fragile. »

Et puis ce métier, c’est aussi une très belle façon de s’accomplir, pense-t-elle. « Enseigner, c’est être chaque jour utile à au moins une personne. »

Marie-Andrée Arsenault sera en séance de dédicaces ce dimanche, dès 15 h, au Salon du livre de Montréal.

Voyez l’horaire de l’autrice au Salon
La classe de madame A – Récits et bricoles du quotidien

La classe de madame A – Récits et bricoles du quotidien

Éditions La Bagnole

Dès 3 ans