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Épatante initiation à la philosophie

Qui es-tu ? D’où vient le monde ? Sophie Amundsen est bien embêtée par ces questions compliquées laissées dans sa boîte aux lettres par un mystérieux philosophe. Pas à pas, guidée par un drôle de cours par correspondance auquel elle ne s’était même pas inscrite, l’adolescente s’initie à l’histoire de la philosophie, deviendra presque copine avec des penseurs de la Grèce antique et apprendra à voir le monde avec des yeux neufs.

Grand succès de librairie au moment de sa parution en 1991, le roman Le monde de Sophie, du Norvégien Jostein Gaarder, vulgarise de manière épatante les grands courants de pensée qui ont forgé nos visions du monde au fil des siècles. Son adaptation en bande dessinée par Nicoby (au dessin) et Vincent Zabus (au scénario) rend son propos encore plus accessible aux jeunes et moins jeunes peu enclins à se taper une brique de plus de 600 pages.

  • Extrait du Monde de Sophie, T. 1

    IMAGE TIRÉE DE LE MONDE DE SOPHIE D’APRÈS JOSTEIN GAARDER

    Extrait du Monde de Sophie, T. 1

  • Extrait du Monde de Sophie, T. 1

    IMAGE TIRÉE DE LE MONDE DE SOPHIE D’APRÈS JOSTEIN GAARDER

    Extrait du Monde de Sophie, T. 1

  • Extrait du Monde de Sophie, T. 1

    IMAGE TIRÉE DE LE MONDE DE SOPHIE D’APRÈS JOSTEIN GAARDER

    Extrait du Monde de Sophie, T. 1

1/3
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Sans avoir lu le roman en question, on en déduit que l’essentiel du propos est là. Que sa transposition en BD lui donne même des ailes : en plus de marcher dans les pas de Platon, Socrate ou saint Augustin, Sophie visite Athènes et Rome, cités que le livre donne à voir autant plus qu’à imaginer, ce qui est un plus lorsqu’on a des visées pédagogiques.

Le récit de Vincent Zabus, qu’on devine pour l’essentiel fidèle au roman de Jostein Gaarder, a subi une mise à jour qui le rend actuel : Sophie est préoccupée par les changements climatiques, possède un téléphone portable et agit comme une ado des années 2000. Et si le propos peut sembler aride, l’approche est au contraire ludique (en particulier sur le plan visuel) et rend de manière très accessible des concepts qui, dans le contexte de l’école, pourraient faire bâiller certains élèves.

L’adaptation n’en est qu’au premier tome, mais le projet est extrêmement bien ficelé. Le monde de Sophie est une BD à mettre dans toutes les mains.

Le monde de Sophie, T. 1

Le monde de Sophie, T. 1

Albin Michel

260 pages

9/10

L’imagination au pouvoir !

IMAGE TIRÉE DE SI ON ÉTAIT T. 2, D’AXELLE LENOIR

Marie et Nathalie vieillissent, mais elles continuent à rivaliser d’imagination en jouant toujours à leur jeu préféré : si on était. Bien connu des lecteurs du magazine Curium, qui publie en primeur les planches d’Axelle Lenoir, ce jeu se résume à faire semblant. Marie et Nathalie — parfois aussi Jane Doe, la copine de Nathalie — s’imaginent être des personnages de Star Wars, des princesses (oui, oui), se mettent dans la peau de Jane Doe elle-même et, ce n’est sûrement pas une si grande invention, se demandent comment elles vivraient si elles étaient en confinement… Axelle Lenoir, qui a été en lice pour un Eisner Award, les Oscars de la BD américaine, pour la traduction anglaise du premier tome, étonne encore avec cette nouvelle fournée d’aventures pas possibles qui posent un nouveau défi aux deux virtuoses de l’imagination, confrontées à la réalisation dans le monde réel de certaines de leurs folies. Le dessin est vif, les dialogues sont toujours aussi savoureux. Petit conseil : si vous tombez sur une vieille lampe poussiéreuse, faites attention aux vœux que vous auriez envie de formuler. On ne sait jamais ce qui peut arriver…

Si on était, T. 2

Si on était, T. 2

Front Froid

92 pages

8/10

Un regard sensible

IMAGE TIRÉE DE DJONDJON, DE KEELAN YOUNG

Parti en Haïti pour changer d’air — il fuit une personne qu’il ne nomme pas —, Keelan Young a le projet d’en apprendre plus sur les champignons (les « djondjon » du titre) qu’on trouve sur la perle des Antilles et leur utilisation médicinale. Son aventure le mènera partout dans ce pays qu’il arpentera de long en large, souvent à pied, où il ira à la rencontre d’hommes et de femmes qui pourraient faire avancer ses recherches mycologiques, ce qui lui donne l’occasion de faire le portrait d’une population accueillante et résiliente. Keelan Young signe ici un récit à la narration plutôt statique — la narration domine largement les dialogues — dont le caractère distant est en partie compensé par le regard sensible qu’il pose sur les gens. Son style économe, une ligne claire un peu grasse, plante habilement les décors, mais manque d’expressivité. L’artiste montréalais, dont c’est le premier pas en BD, possède une délicatesse d’ensemble sur laquelle il pourra construire pour l’avenir.

Djondjon

Djondjon

Mains libres

108 pages

6/10

Épopée nordique colorée

IMAGE TIRÉE DE LE FILM DE SARAH, DE CAROLINE LAVERGNE

Sarah s’apprête à tourner son premier film de fiction intitulé Nouveau-Québec et ça promet d’être toute une aventure : son équipe et elle partent pour Schefferville, où elles travailleront notamment avec des Innus et des Naskapis. Caroline Lavergne, une amie de Sarah, s’est intégrée au tournage avec l’idée d’en faire la chronique en bande dessinée. Quelque part entre le documentaire et l’autofiction, Le film de Sarah est à la fois une porte ouverte sur les dessous du cinéma et un portrait de la vie loin au nord de Sept-Îles, là où aucune route ne se rend. Caroline Lavergne s’appuie sur une ligne claire expressive parfois proche de l’esquisse qu’elle habille d’une riche et fort belle palette de couleurs souvent délavées. Elle peint ainsi des scènes vives qui donnent beaucoup de tonus à son récit empreint d’humour, mais qui effleure aussi des sujets sérieux comme l’économie de la ville minière et les relations avec les membres des Premiers Peuples.

Le film de Sarah

Le film de Sarah

Nouvelle Adresse

236 pages

7/10

Autres sorties

L’homme à la tête de lion

IMAGE FOURNIE PAR LA MAISON D’ÉDITION

L’homme à la tête de lion, de Xavier Coste

Xavier Coste, auteur d’une fantastique adaptation de 1984 de George Orwell, revient avec l’histoire d’une bête de cirque, l’homme lion du titre, encore une fois magnifique sur le plan visuel.

Corto Maltese

IMAGE FOURNIE PAR LA MAISON D’ÉDITION

Corto Maltese, de Juan Diaz Canales et Rubén Pellejro

Juan Diaz Canales (scénariste de Blacksad) et Rubén Pellejero sont de nouveau les architectes d’une nouvelle aventure de Corto Maltese campée dans le Berlin de l’entre-deux-guerres. Parti à Berlin pour retrouver un ami, le héros découvre que celui-ci a été assassiné et mène son enquête dans une ville confrontée à la montée du nazisme.