Dans Cette lumière en nous, nouvel essai paru mardi dans 36 pays, Michelle Obama se confie sur les pensées négatives qu’elle entretient face à son apparence, sur la « forme atténuée » de dépression qui s’est emparée d’elle pendant la pandémie et sur son esprit craintif qui a bien failli changer le cours de l’histoire. Un antidote contre la déprime qui n’est pas dénué d’opinions politiques.

Après le succès de Devenir, ses mémoires parus en 2018 qui ont donné lieu à une tournée de conférences et à un documentaire, l’ancienne première dame des États-Unis reprend la plume, cette fois pour livrer d’inspirants conseils afin de rester optimiste en cette période d’incertitude. « Quand on est capable de voir et de reconnaître sa propre lumière, on trouve le courage de l’utiliser », écrit-elle.

Principalement assises sur son histoire personnelle – bien que des morceaux de celles de plusieurs autres femmes, pour plusieurs racisées, soient aussi racontés –, ses réflexions émanent de ses propres moments de vulnérabilité et d’angoisse où elle s’est demandé : « Suis-je à la hauteur ? », cinq mots qui, dit-elle, l’ont poursuivie depuis sa jeunesse dans le South Side de Chicago.

Éprouvante pandémie

Dès le premier chapitre du livre, elle raconte comment les premiers mois de la pandémie ont été éprouvants, malgré sa position privilégiée, alors qu’elle s’est sentie « désorientée » et « désemparée », libérée de cette armure que peut constituer le fait d’être constamment occupée et encore blessée par les résultats de l’élection présidentielle de 2016. « Qu’il s’agisse ou non d’un rejet direct de ce que nous représentions, le résultat des élections de 2016 a fait mal, écrit-elle. Il fait toujours mal. »

Elle déclare avoir été bouleversée d’entendre Donald Trump prononcer des « injures racistes », légitimer la haine et refuser de condamner des « suprémacistes blancs ». Prise dans cet état d’esprit, de peine et de frustration, elle a même hésité avant d’accepter de prononcer un discours à la convention nationale du Parti démocrate en août 2020.

PHOTO JOSE LUIS MAGANA, ASSOCIATED PRESS

Michelle Obama

« J’avais jusque-là été épargnée par la dépression, mais cela y ressemblait, sous une forme atténuée, poursuit-elle. J’avais du mal à rester optimiste ou à envisager raisonnablement l’avenir. »

C’est alors qu’elle s’est mise au tricot, elle qui descend d’une longue lignée de couturières. Le tricot a été son « outil », un concept qui reviendra à quelques reprises dans l’ouvrage. Si ce n’est certes pas à coup de mailles à l’endroit et de mailles à l’envers que l’on réduit le réchauffement climatique ou que l’on combat le racisme, porter ainsi son regard sur quelque chose de minuscule, sur une tâche infime, permet de « sortir tranquillement du marasme », croit celle qui a séjourné à la Maison-Blanche avec son mari et leurs deux filles de 2009 à 2017.

Mme Obama revient également sur les évènements du 6 janvier 2021, alors que des partisans de Donald Trump, refusant de reconnaître les résultats de l’élection présidentielle, ont pris d’assaut le Capitole, causant, à ses yeux, des « dégâts incommensurables ».

Zones plus personnelles

Plus loin, alors qu’elle invite les lecteurs à décoder leur peur et à entretenir une relation raisonnable avec elle, de manière à ce qu’elle soit un guide et non un frein, Michelle Obama se confie sur son « cerveau peureux » avec qui elle cohabite depuis 58 ans. Un colocataire envahissant qui aurait pu changer le cours de l’histoire. « Je ne voulais pas que mon mari se présente à l’élection présidentielle parce que je ne pouvais pas prévoir – je ne pouvais même pas m’imaginer – ce qui nous attendait, raconte-t-elle. Certains de mes doutes étaient légitimes, bien entendu, mais qu’est-ce qui m’inquiétait réellement ? La nouveauté. »

PHOTO DOUG MILLS, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

Barack Obama et Michelle Obama, lors de la cérémonie d’investiture du président en janvier 2009.

Son hésitation à donner son accord à son mari Barack Obama avait été racontée dans Devenir, tout comme son enfance dans un milieu modeste, sa rencontre avec son futur mari, la maladie de son père et l’aide de sa mère, sur qui le couple a pu compter lors de son séjour à la Maison-Blanche. Dans Cette lumière en nous, elle plonge dans des zones encore plus personnelles, notamment lorsqu’elle affirme détester souvent son apparence. « Je ne compte pas le nombre de matins où j’ai allumé la lumière de la salle de bains pour avoir envie de l’éteindre aussitôt en découvrant ma tête dans la glace. Quand je me regarde, mon premier réflexe est de recenser mes imperfections ; je ne vois que ma peau sèche et mes yeux bouffis, tout ce qui chez moi pourrait et devrait être mieux. » Des propos auxquels bien des femmes s’identifieront, qu’elle tient dans le cadre d’un appel à la bienveillance envers soi-même. Plus tard, elle parlera de la prise de conscience de sa différence, qui s’est manifestée d’abord par sa grande taille à l’école primaire, puis par la couleur de sa peau, sur le campus de Princeton.

Dans ce livre au couvert très « croissance personnelle », Michelle Obama ne prétend pas détenir de recette miracle pour rester serein face à l’incertitude, trouver sa voix ou vivre un mariage heureux. À travers ses réflexions sur l’amour, l’amitié, la parentalité, la différence et l’invisibilité, elle offre des conseils qui sauront aider tout un chacun – particulièrement les jeunes en perte de repères – à s’élever, comme elle a appelé à le faire dans ce qui est devenu l’une de ses citations les plus célèbres : « Quand ils s’abaissent, nous nous élevons. »

Cette lumière en nous

Cette lumière en nous

Flammarion

352 pages