Anne-Marie Desmeules est une poète essentielle parmi celles qui se penchent régulièrement sur la réalité des femmes. Dans la foulée de ses recueils Le tendon et l’os (L’Hexagone, prix du Gouverneur général et des libraires en 2019) et Nature morte au couteau (Quartanier, 2020), ce nouvel ouvrage fait penser à la démarche de la regrettée Josée Yvon en abordant ce qui frémit de plus vulnérable en elles.

Dans Envies, elles sont invisibles ou négligées, bâtardes ou abandonnées, leurs désirs et jalousies, souvent, inavouables. Elles sont celles qui, nuit après nuit, vont « retourner dans le cauchemar », « acheter la mort » et « dévierger [leur] âme noire » entre jouissance, suicide et féminicide. Elles souffrent de détestation de soi et des autres, mais tentent d’exister malgré tout.

Le recueil est constitué de huit parties, distinctes en leurs rythmes et styles, jouant aussi de sonorités prégnantes. En quelques vers seulement, ce qui commence comme une description se poursuit en réflexion. Un poème un temps narratif prend des allures surréelles un peu plus loin.

La poète passe du « je » au « elle » et revient au « je » dans ce recueil dédié à ses « ami.es ». La grande qualité de l’écriture d’Anne-Marie Desmeules, depuis ses débuts, est de se saisir de plaies ouvertes, de les montrer telles qu’elles sont, sans fausse pudeur avec tout ce qu’il faut d’amoralité.

Envies use d’images fortes, crues, d’une vérité éclatante. La poète porte une parole qui vient des entrailles, se fraie un chemin entre pensées sombres et espoirs déçus pour émerger en une poésie transcendante, tel un « cri d’amour vrai ».

Envies

Envies

Le Quartanier

136 pages

8/10