(Montréal) Beaucoup le connaissent comme un ardent défenseur de la souveraineté du Québec, comme un politicien chevronné ou comme un ancien journaliste, mais peu de gens savent que René Lévesque a été un critique de cinéma, et assez doué, selon Jean-Pierre Sirois-Trahan, directeur du programme de cinéma à l’Université Laval.

Son livre Lumières vives, publié aux Éditions du Boréal, sera disponible dans les libraires du Québec le 1er novembre. Le bouquin de 368 pages présente un « Lévesque insoupçonné », selon M. Sirois-Trahan.

Il savait déjà que René Lévesque avait écrit quelques chroniques de cinéma, mais en faisant des recherches, il s’est aperçu que l’ancien premier ministre du Québec a tenu une chronique hebdomadaire pendant deux ans.

« Les gens en cinéma ne savaient pas vraiment que René Lévesque avait été un vrai critique de cinéma, pas juste un journaliste qui avait écrit sur des films, indique M. Sirois-Trahan. C’est une mise à jour d’un temps oublié de sa vie, et aussi de l’histoire de la critique au Québec. On se rend compte que c’est véritablement l’un des premiers critiques modernes au Québec. »

Le livre plonge dans une période que M. Lévesque appelait « son entre-deux-guerres », c’est-à-dire entre la Seconde Guerre mondiale et la guerre de Corée. Par la suite, il deviendra beaucoup plus connu notamment comme reporter et animateur télé, notamment à l’émission d’information Point de mire.

« C’est une partie de sa vie qu’on connaît très peu », souligne le professeur de cinéma. C’est à cette époque que René Lévesque va se marier et avoir son premier enfant, tout en travaillant à la radio de Radio-Canada, « mais pour un service d’ondes courtes, pour les soldats canadiens qui sont un peu partout dans le monde », explique M. Sirois-Trahan.

« C’est donc dans un relatif anonymat qu’il va écrire ses chroniques », résume-t-il.

Jean-Pierre Sirois-Trahan est impressionné par la qualité des chroniques de M. Lévesque. Il décrit le brio de ses analyses et vante ses talents d’écriture et son franc parlé. « On découvre que René Lévesque est un écrivain, pas seulement un journaliste qui a une belle plume », dit-il.

Selon lui, M. Lévesque est doué pour la critique de cinéma dès ses débuts. Il souligne que l’ancien journaliste n’est pas un théoricien, mais que sa pensée sur le cinéma évolue, par exemple, sur l’expressivité au cinéma, c’est-à-dire le lien entre le fonds et la forme.

M. Lévesque voit le cinéma comme un art de masse, indique M. Sirois-Trahan. Le cinéphile écrit pour tout le monde et « ce n’est pas quelque chose de trop pointu. »

Le lancement du livre Lumières vives se déroulera le 1er novembre à la Cinémathèque québécoise. Son auteur, M. Sirois-Trahan, a hâte que les gens découvrent « ce René Lévesque », qu’il juge assez émouvant. Le film Les maudits, de René Clément, l’un des films préférés de M. Lévesque, sera projeté lors du lancement du livre.