Visages de Montréal
Écrire, fumer, boire. Fumer, boire, écrire.
Un univers trash. Un auteur attachant. Un personnage montréalais venu de Granby. L’auteur Akim Gagnon ne laisse personne indifférent. Inspiré d’extraits de son livre Le cigare au bord des lèvres, publié l’hiver dernier, notre photojournaliste Martin Tremblay a accompagné l’écrivain dans une virée nocturne, remplie d’alcool et de rires. Car la frontière entre la vie tumultueuse du personnage de son livre et sa propre vie peut nous sembler parfois énigmatique.
Pendant que la plaie de ma séparation avec Charlotte devient une croûte qui se réinfecte à rien, je deviens peu à peu un personnage : le survivant. Ou le mort-vivant. Un Akim mince, coké, alcoolique et totalement perdu.
Extrait du Cigare au bord des lèvres
C’est toujours la provocation qui guide l’ensemble de mes idées. Je fais du surplace avec mes sentiments et je n’approfondis rien. Au fond, qu’est-ce que j’essaie de raconter dans mes premières pages ? Que je suis un alcoolique ? Que je dérape et perds le contrôle de ma vie ?
Extrait du Cigare au bord des lèvres
J’ai envie de fumer pour me changer les idées. Je regarde mes cigares. Même si maintenant, je sais que le karma n’existe pas, je vais quand même fumer un cigare cubain à 40 $ par peur de crisser le feu à ma maison avec un cigare Don Tomas à 9 $. Je m’allume un Hoyo de Monterrey. Je me fixe dans le miroir. La fumée déforme mon visage. J’ai l’impression d’avoir soudainement trois cents ans.
Extrait du Cigare au bord des lèvres
Restaurant Au Pied de Cochon. Dès que je suis entré, je m’y suis senti bien. Rares sont les endroits où j’ai l’impression de laisser mon lourd manteau d’angoisse au vestiaire. […] Je me souviendrai toute ma vie de la première fois que j’ai traversé le restaurant pour me rendre à notre table.
Extrait du Cigare au bord des lèvres
Je sors et prends une grande respiration. Montréal est légèrement agitée comme je l’aime. Je me sens adulte pour une rare fois de ma vie. Je regarde les bus passer sur le feu blanc et les automobiles s’immobiliser au rouge. Je traverse la rue. Mes premiers pas d’adulte. Je marche sans l’aide de ma psy, de Clémentine, de mes parents, de mon frère, de mes amis et de ma carapace. J’apprivoise mon nouvel équilibre.