L’écrivaine et traductrice Lori Saint-Martin s’est éteinte subitement samedi, ont annoncé les Éditions du Boréal.

« C’est avec consternation et un immense chagrin que nous avons appris ce matin que Lori Saint-Martin est décédée subitement, à Paris, au cours des dernières heures », a écrit la maison d’édition.

Née à Kitchener en Ontario, l’écrivaine « tenait une position unique à la frontière des cultures anglophone et francophone », ont souligné les Éditions du Boréal.

« Lori Saint-Martin était une surdouée, a réagi par courriel à La Presse Carole David, poétesse et romancière québécoise. Ses traductions, ses essais sur l’écriture des femmes, ses fictions témoignent d’une grande générosité. Elle s’effaçait devant ses sujets comme les grandes passeuses et pédagogues. Nous lui devons beaucoup. Son dernier livre sur la traduction Un bien nécessaire dit tout de son parcours de transfuge. Je suis mystifiée par sa mort. »

Reconnue dans le milieu littéraire au Québec, Lori Saint-Martin a publié de nombreux romans et recueils de nouvelles et signé plus d’une centaine de traductions avec son mari Paul Gagné, qui lui ont valu une renommée internationale.

L’écrivaine est quatre fois lauréate du Prix littéraire du Gouverneur général pour les traductions en français des romans Un parfum de cèdre d’Ann-Marie Macdonald, Dernières notes de Tamas Dobzy, ainsi que Solomon Gursky et Le monde selon Barney de Mordechai Richler.

Le milieu littéraire « sous le choc »

« On est tous sous le choc. Lori était vraiment une personne qui passait beaucoup de temps à aider les gens. Elle était la mentore de beaucoup de traducteurs », a affirmé Mishka Lavigne, traductrice littéraire et également lauréate du Prix du Gouverneur général.

« C’était une grande grande dame et une perte immense pour la traduction. C’est quelqu’un qui a toujours profité d’une curiosité et d’une délicatesse rares », a confié le président des éditions Alto Antoine Tanguay, avec qui Lori Saint-Martin a collaboré à plusieurs reprises.

Pascale Navarro, autrice et journaliste québécoise, se souviendra de sa collègue comme d’une personne qui « tirait les femmes vers le haut ». Les deux écrivaines devaient d’ailleurs se réunir dans les prochains jours pour discuter de Pour qui je me prends, un hommage aux langues signé Lori Saint-Martin. « Elle a beaucoup soutenu les autres femmes. C’est quelqu’un qui faisait écho aux écrits des femmes, qui était constamment engagé dans leurs paroles », a souligné Pascale Navarro.

Le décès de Lori Saint-Martin étonne le milieu littéraire attristé. « J’étais à Paris avec elle il y a deux semaines et elle était dans une forme resplendissante. Pleine de projets et si heureuse d’être dans cette ville qu’elle aimait tant », a déclaré une grande amie de la défunte, Nathalie Collard, journaliste à La Presse.

C’est comme une sœur de la littérature, comme un membre de la famille qui va nous manquer.

Pascale Navarro

Originaire d’Argentine, Flavia Garcia, traductrice au Québec depuis plus de 30 ans, a préféré ne pas témoigner à La Presse, encore sous le choc. « J’apprends avec consternation, avec tristesse, avec désespoir, le décès de ma grande amie Lori Saint-Martin. Lori, ma chérie, je t’aime, je t’aimerai toujours. Je veux dire au monde entier l’être exceptionnel que tu étais », a-t-elle écrit sur les réseaux sociaux.

Lori Saint-Marin a fait carrière comme enseignante à l’Université du Québec à Montréal. Spécialiste de Gabrielle Roy, elle a également mené plusieurs recherches au sein de l’Institut de recherches et d’études féministes de l’UQAM.

L’écrivaine venait tout juste d’être admise à l’Académie des lettres du Québec, ont précisé les Éditions du Boréal. « Nous tenons à offrir nos plus sincères condoléances à sa famille et à ses proches », a ajouté la maison d’édition.