Depuis la parution de son premier roman, Déterrer les os, en 2016, qui abordait le sujet délicat des troubles alimentaires, puis avec notamment Roux clair naturel et Mukbang, Fanie Demeule s’est fait remarquer par sa voix littéraire unique, interrogeant avec la singularité qui est la sienne le rapport au corps, à l’identité et au réel.

Celle qui travaille également comme éditrice aux éditions Tête première et Hamac, en plus d’être chargée de cours en littérature à l’UQAM, nous fait l’offrande d’un tout premier recueil de nouvelles, un véritable chapelet de petites perles qu’on gobe une à la suite des autres avec fascination, toutes narrées par une voix féminine. D’abord publiées dans différents recueils ou revues littéraires, les 15 nouvelles — dont certaines ont été retravaillées — plongent dans des thèmes chers à l’autrice : auscultation d’obsessions maladives et étranges (Le jet, Anamorphose), hontes et souffrances qui sucent jusqu’à l’os, jusqu’à la transmutation (Reptilienne, Je suis Nancy Spungen).

« J’aime croire que de me tourner vers la part d’ombre est ma manière d’enjoliver notre course fatale. En vérité, je veux égoïstement que mes écrits pérennisent. Deviennent mes fantômes », dira la narratrice de Trouble-Fête.

La mort, d’ailleurs, est omniprésente dans Je suis celle qui veut sauver sa peau, plusieurs récits mettant en scène des spectres, des esprits qui continuent d’errer parmi les vivants, floutant les contours du réel (Alliage, Sous-sol, la poétique Sur l’estran, la magnifiquement morbide Reliques). L’écriture de Demeule, à la fois frontale et évanescente, nous attrape et se glisse sous notre peau, tel le serpent de la couverture, envoûtante et dérangeante.

Je suis celle qui veut sauver sa peau

Je suis celle qui veut sauver sa peau

Hamac

176 pages

8,5/10