Stephen King ne se contente pas d’écrire des romans d’horreur ou des thrillers à l’atmosphère angoissante : derrière chacune de ses histoires, il y en a une autre, plus subtile, qui trahit une profonde réflexion sur la nature humaine et sa part d’ombre.

Le Guardian a dit de Billy Summers que c’était son meilleur livre depuis des années — ce qui est sans doute le cas. Exit ici le fantastique, l’horreur, le surnaturel... ne reste que la peur brute, à la limite de la terreur, celle que peu d’écrivains savent instiller avec autant d’intensité que lui, tout en maintenant un rythme plutôt lent dans l’ensemble de l’intrigue.

Billy Summers, un ancien tireur d’élite qui a servi en Irak avec les marines avant de devenir tueur professionnel, s’installe dans une nouvelle identité pour exécuter sa dernière mission. Ce dernier contrat vient toutefois avec quantité d’angles morts ; et il arrivera un évènement qu’il n’aurait jamais pu prévoir – qu’on ne peut évidemment pas dévoiler, mais qui changera complètement la trajectoire que l’on croyait suivre. Est-il possible de se prendre d’affection pour un héros qui gagne sa vie en assassinant des gens ? C’est le tour de force que réussit Stephen King. Car Billy Summers n’est pas un tueur à gages ordinaire : il a toujours mis un point d’honneur à n’exécuter que des « méchants » dont la disparition serait bénéfique. Et puis il lit Émile Zola, dont le roman Thérèse Raquin nous accompagne tout au long de ce récit qui devient en fin de compte une sorte de métaphore moderne du grand classique.

Du suspense, il y en a du début à la fin dans ce roman ; des tragédies humaines, aussi, à travers ce duel entre le bien et le mal qui constitue le fondement même de tous les livres de Stephen King. De même qu’une réflexion pénétrante sur la société, sur ce qu’on croit être juste et acceptable. Et c’est peut-être ça, justement, qui en fait un roman immense qu’on n’est pas près d’oublier.

Billy Summers

Billy Summers

Albin Michel

560 pages

8/10