Il y a un je-ne-sais-quoi qui nous accroche et nous séduit dans la plume de Franck Bouysse, et qui nous pousse à poursuivre la lecture chaque fois qu’on oserait songer à y renoncer.

C’est parce qu’il ne se passe pas grand-chose dans le quotidien de ce village morne et gris de la campagne française, où un écrivain en panne d’inspiration s’installe dans l’espoir d’y retrouver le chemin vers l’écriture. Malgré tout, on est très vite plongé dans un état de légère tension — à la limite du suspense. L’angoisse monte à mesure que le malaise s’installe, après une série d’évènements étranges dans la vieille ferme qu’il a achetée : des traces de pas dans la neige, des bruits inidentifiables, la sensation d’être épié, des objets qui semblent avoir été déplacés, des mises en garde à peine voilées de la part des habitants du coin...

On avance à un rythme très lent alors qu’en parallèle à l’installation de l’écrivain, on en apprend plus sur cet homme qui vit reclus dans la ferme voisine, depuis la mort de sa mère. L’auteur aborde ici avec une grande poésie les vieilles superstitions et la méfiance tenace qui habitent encore les campagnes. Et c’est sans doute pour cette raison que le roman mérite le détour, ne serait-ce que pour contempler la beauté de son écriture.

L’homme peuplé

L’homme peuplé

Albin Michel

320 pages

7/10