Ils ont 16, 17 ou 18 ans, et bientôt, ils changeront le monde. Karel Mayrand en est convaincu. « Vous êtes ce que j’ai vu de plus inspirant en 25 ans de lutte pour notre planète », écrit l’ancien directeur général de la Fondation David Suzuki pour le Québec et l’Atlantique dans Lettre à un.e jeune écologiste, essai destiné à une génération qui « n’a plus rien à perdre ».

Records de chaleur, sécheresses, inondations, incendies de forêt : presque toutes les semaines, l’actualité rappelle que la planète subit les contrecoups des changements climatiques.

« On vit dans une situation d’urgence. […] Notre maison brûle », affirme Karel Mayrand en entrevue.

La lettre de quelque 140 pages qu’il adresse aux adolescents et aux jeunes adultes aurait pu être empreinte de découragement et de tristesse. Si Karel Mayrand avoue avoir parfois ressenti ces émotions au fil de près de 30 ans de militantisme, sa lettre est surtout pleine d’espoir, car son auteur croit en la capacité de la génération Z de renverser la vapeur.

« Toutes les fois qu’il y a eu des changements majeurs dans nos sociétés, ils ont été portés par un groupe. On n’a qu’à penser à la lutte pour les droits civiques des Afro-Américains […], celles pour les droits des femmes ou pour les droits des travailleurs… »

C’est toujours quelqu’un dont les intérêts ou les libertés étaient menacés qui s’est levé. Pour moi, la lutte de ces jeunes-là, c’est la lutte pour les droits civiques de leur génération et des suivantes.

Karel Mayrand

Et la mobilisation des jeunes est impressionnante, ajoute Karel Mayrand. « Il y a eu 7 millions de personnes qui ont marché pour l’environnement sur les cinq continents en septembre 2019. C’était, à ce moment-là, le plus grand mouvement citoyen qui n’a jamais eu lieu sur la planète. » À Montréal, un demi-million de manifestants avaient suivi les pas de Greta Thunberg, rappelle-t-il.

« Les jeunes ont des idéaux. Ils n’ont rien à gagner à préserver le monde dans lequel on vit en ce moment. Ils ont tout à gagner à le changer », poursuit celui qui est aujourd’hui PDG de la Fondation du Grand Montréal.

Des changements de taille

Pour arriver à limiter le réchauffement climatique, des changements importants s’imposent, consent Karel Mayrand. « Il faut sortir de la logique que chacun va faire son petit geste individuel. On n’a plus le temps pour ça. »

Dans son livre, il invite les jeunes à provoquer des changements systémiques. « Il faut arriver avec des idées neuves, complètement différentes. Il faut repenser la manière dont on se transporte, dont on construit nos villes. Il faut vraiment changer beaucoup de choses, beaucoup de systèmes. »

L’ampleur de la tâche semble énorme. Par où commencer ? « Il est impossible de manger toute la tarte en une seule bouchée. Commencez en trouvant des gestes qui sont à votre portée, que vous allez pouvoir faire en groupe », suggère Karel Mayrand.

Sensibiliser son député aux enjeux environnementaux ou implanter des solutions « zéro déchet » à la cafétéria de son école en sont deux exemples, illustre l’auteur qui a beaucoup pensé à ses enfants lors de la rédaction du livre.

Le mal d’une génération

Karel Mayrand se désole que près de 75 % des jeunes de 18 à 34 ans souffrent d’écoanxiété, selon un sondage Léger mené l’année dernière.

Ce que j’aimerais dire à ces jeunes, c’est que l’avenir n’est pas déterminé. Plutôt que de sentir que vous subissez un avenir qui vous est imposé, où tout est perdu, commencez à jouer vos cartes pour créer l’avenir que vous souhaitez.

Karel Mayrand

Selon lui, « la meilleure façon de sortir de l’écoanxiété, c’est de se mettre en action ».

« Si vous restez impuissant, vous êtes en train de laisser gagner des gens qui abusent de votre avenir », soutient Karel Mayrand, en soulignant qu’il y aura bientôt des élections provinciales.

Rêver d’un monde meilleur

Dans Lettre à un.e jeune écologiste, il invite d’ailleurs les militants à rêver d’un monde meilleur. « Si nous voulons rallier des millions de gens à notre cause, nous devons leur offrir une vision du monde que nous voulons construire dans lequel ils auront envie de vivre », écrit Karel Mayrand.

« La plupart des choses pour contrer les changements climatiques ont aussi un impact pour améliorer notre qualité de vie, explique-t-il, en entrevue. On peut imaginer un quartier où les enfants vont à l’école à pied, par exemple. […] Il faut construire quelque chose de mieux, pas seulement arrêter quelque chose de mauvais. »

« La maison brûle. Actuellement, la question est : est-ce que je me lève pour l’arroser ou pas ? », conclut Karel Mayrand.

Lettre à un.e jeune écologiste

Lettre à un.e jeune écologiste

Kata éditeur

Dès 12 ans

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Autre nouveauté jeunesse qui aborde l’écoanxiété, Le plus petit sauveur du monde suit Florent, 10 ans, qui surprend une discussion entre ses deux mères. Celles-ci se demandent « si la planète va tenir le coup » et s’il est « irresponsable d’avoir un autre enfant ». « Est-ce que je suis de trop ? Est-ce que la planète va mal à cause de moi ? », se demande le garçon, qui sombre dans une grande tristesse. Ses parents lui feront alors voir de quelle façon il change le monde. Signé par le collaborateur de La Presse Samuel Larochelle et agrémenté des illustrations poétiques d’Eve Patenaude, ce livre touchant se termine par une note d’espoir.

Le plus petit sauveur du monde

Le plus petit sauveur du monde

Éditions XYZ

Dès 7 ans