Il y a quelque chose de mythologique dans ce deuxième roman de Nicolas Delisle-L’Heureux.

Le lieu, d’abord, un patelin isolé nommé Val Grégoire, situé à proximité du mont Brun, ce qui ne peut pas être de bon augure pour une montagne de ski. Il y a aussi ses habitants à l’aura plus qu’humaine : le maire Desfossés et son imbécile progéniture, la Petite Sale ou encore Le Baron, criminel notoire dont la renommée tient aussi à sa disparition d’un village d’où aucun natif n’a jamais pu s’échapper...

Ce n’est pas un détail : dans Les enfants de chienne, l’auteur construit un monde refermé sur lui-même, où la vie est faite de violence et d’ennui, mais où l’improbable amitié qui soude Marco, Louise et Laurence, dont le romancier raconte l’histoire en passant du point de vue de l’un à celui de l’autre, aboutira peut-être à quelque chose de mieux.

Stephen King a écrit que le chemin vers l’enfer est pavé d’adverbes. Nicolas Delisle-L’Heureux a fait quelques pas dans cette direction dans ce roman où il en glisse bien assez pour faire tiquer. Ce qui impose le constat que même s’il sait créer des scènes et des images fortes, une part de son écriture reste distante, sinon dans le paraître.

Il faut avoir le moral solide pour plonger dans Les enfants de chienne, qui s’attarde aux coins sombres de l’humanité et hume tout ce qui peut sentir mauvais. Inceste, viol, tromperie, coups de poing, meurtre, le romancier force le trait. Dans le monde qu’il dépeint, comme dans les récits mythologiques, on n’échappe pas à son destin. C’est lourd. Deux choses donnent de l’élan à ce roman touffu et longuet : l’humour (noir, mais pas seulement) et le personnage de Louise, battante blessée que la vie ne saura pas abattre.

Les enfants de chienne

Les enfants de chienne

Boréal

316 pages

5/10