C’est l’histoire d’une librairie qui a vu le jour en 1952. Qui s’est agrandie, qui a fait des petits, tout en sachant s’adapter au changement. Mais c’est avant tout l’histoire d’une famille tissée serré, dont la troisième génération vient tout juste de prendre les rênes de l’entreprise fondée par ses grands-parents, et qui est animée par la même passion que ses prédécesseurs.

« On est quasiment nés ici », plaisante Jean-Michel, benjamin des trois enfants de Marie Boyer et de Michel Grefford. Aujourd’hui directeur des opérations des Librairies Boyer, le jeune homme raconte avec humour comment ses sœurs et lui venaient « déranger » les employés — pratiquement dès le lendemain de leur naissance ! Certains les ont même vus grandir et les côtoient encore en librairie. « On a une employée qui travaille encore ici trois jours par semaine à 75 ans », souligne Marie Boyer.

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La librairie de Salaberry-de-Valleyfield est le siège social des Librairies Boyer, là où les parents de Marie Boyer ont ouvert leur toute première adresse en 1952.

Même avec cinq succursales, toutes situées au sud-ouest de Montréal (Salaberry-de-Valleyfield, Beauharnois, Vaudreuil, Châteauguay et Saint-Constant), et près de 80 employés, son mari et elle se sont toujours assurés de cultiver ce sentiment d’appartenir à une grande famille au sein des Librairies Boyer. Et leurs trois enfants marchent dans leurs pas.

Il y a quelques semaines, ceux-ci sont officiellement devenus les heureux propriétaires des librairies fondées par leurs grands-parents maternels avec l’ouverture — il y a 70 ans cette année — d’une première adresse en plein centre-ville de Salaberry-de-Valleyfield qui est depuis devenue le siège social de la chaîne.

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Marie Boyer adorait lire les aventures de Tintin lorsqu’elle était enfant. Lors d’un voyage en Europe avec son père, en 1968, elle a pu visiter à Bruxelles les bureaux de Hergé, qui lui a signé cet album.

C’est en 1977 que leurs parents, Marie Boyer et Michel Grefford, alors fraîchement diplômés de HEC, ont pris la relève. Depuis 45 ans, ils se retroussent les manches côte à côte pour faire grandir la librairie qui leur a été confiée et ont transmis leur passion à leurs enfants. Marie Boyer avait déjà la passion des livres depuis son enfance, elle qui dévorait les aventures de Tintin dans un coin pendant que ses parents travaillaient. L’un de ses plus précieux souvenirs remonte d’ailleurs à 1968, lors d’un voyage en Europe avec son père au cours duquel elle a pu visiter à Bruxelles les bureaux de Hergé, qui lui a signé l’album Vol 714 pour Sydney.

S’adapter pour durer

Livres, cadeaux, jeux, fournitures de bureau… Les Librairies Boyer ont su se diversifier et se réinventer pour demeurer pertinentes au cours de ces dernières décennies qui ont vu les petits commerces de quartier mourir à petit feu avec l’arrivée de géants du détail. De nouvelles adresses ont ouvert, d’autres ont fermé, mais Marie Boyer et Michel Grefford ne se sont jamais laissé démonter. Persévérance. Confiance. Passion. Telles sont les valeurs qu’ils ont transmises à leurs trois enfants.

  • L’industrie du livre a certes changé depuis 1952, mais les Librairies Boyer ont su s’adapter au fil de trois générations.

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    L’industrie du livre a certes changé depuis 1952, mais les Librairies Boyer ont su s’adapter au fil de trois générations.

  • Les Librairies Boyer comptent cinq succursales situées au sud-ouest de Montréal.

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    Les Librairies Boyer comptent cinq succursales situées au sud-ouest de Montréal.

  • Livres, jeux éducatifs… le choix est varié dans la succursale de Salaberry-de-Valleyfield, dont le rez-de-chaussée occupe un espace de 10 000 pi2.

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    Livres, jeux éducatifs… le choix est varié dans la succursale de Salaberry-de-Valleyfield, dont le rez-de-chaussée occupe un espace de 10 000 pi2.

  • Il y a même un rayon de cadeaux à la succursale de Salaberry-de-Valleyfield.

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    Il y a même un rayon de cadeaux à la succursale de Salaberry-de-Valleyfield.

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Michel Grefford se rappelle ces voyages en famille où ils allaient visiter des librairies et des papeteries pour s’inspirer de leurs façons de faire, en particulier en Europe. Il garde en mémoire cette petite librairie de Lille, en France, dont le propriétaire les avait accueillis et avait dévoilé toutes les leçons apprises par l’installation d’une Fnac à proximité.

J’ai toujours dit que je n’ai jamais travaillé de ma vie parce que j’ai toujours fait ce que j’aimais faire.

Michel Grefford

Voilà déjà plus de 20 ans que ses enfants ont embarqué dans l’aventure. L’aînée, Julie, qui est aujourd’hui directrice des finances, a commencé à donner un coup de main dans le bureau vers l’âge de 15 ou 16 ans… et n’est plus jamais repartie.

Ce qui frappe par-dessus tout, quand on les rencontre ensemble tous les cinq, c’est cette bonne entente qui règne entre eux. « C’est rare qu’on ne soit vraiment pas d’accord ! On a souvent la même ligne de pensée », souligne Julie Grefford.

Toutes les décisions concernant les librairies ont toujours été prises ensemble, le sujet étant au cœur des discussions à table depuis leur enfance puisque leur grand-père maternel, Gérald Boyer, a vécu avec eux de leur naissance jusqu’à son décès, en 2009.

Relever des défis

Mais la tribu s’est agrandie et, là encore, tout le monde a su s’adapter. « On s’est mis une règle pour ne pas parler de la librairie dans les soupers de famille et on se fait des réunions sur place maintenant », précise la cadette, Marie-Ève, qui gère notamment le service des ressources humaines. Ce qui favorise surtout leur complicité, ajoute Jean-Michel, c’est qu’ils ont chacun leur service et leurs domaines de prédilection. Alors que lui s’affaire à régler les défis logistiques au sous-sol, aux côtés de son père, ses sœurs se consacrent à leurs tâches dans les bureaux du deuxième étage, non loin de leur mère.

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Marie Boyer et Michel Grefford ont confié les rênes des Librairies Boyer à leurs trois enfants en décembre dernier.

S’il a un conseil à leur donner, leur père leur recommande de « toujours essayer de découvrir quelque chose de nouveau », « de regarder en dehors de la route qui est faite et d’essayer de voir comment atteindre les objectifs en débarquant de cette route ». « C’est ça qui a fait le succès de nos librairies. Et il faut continuer comme ça, je pense », ajoute Michel Grefford.

Prendre la relève, ce n’est pas juste changer de chaise avec un patron ; c’est de se lever les bras, puis essayer de continuer à relever les défis du commerce de détail, qui sont nombreux.

Marie Boyer

En plus d’avoir constamment été très présent dans ses librairies, le couple s’est impliqué dans la communauté au fil des ans ; Marie Boyer a d’ailleurs été la première femme à présider la chambre de commerce de la région de Salaberry-de-Valleyfield.

Maintenant que le flambeau est passé, Michel Grefford songe à la retraite – symbolique, on s’entend, puisqu’il a réduit ses heures de 70 à 65, plaisante sa fille Marie-Ève. Mais qui lui en voudrait de vouloir passer tout son temps entre les murs de la librairie où il a travaillé toute sa vie, entouré des siens ? D’autant que ses petits-enfants sont déjà impatients de mettre la main à la pâte, eux aussi…

Consultez le site des Librairies Boyer