La pandémie a étoffé leur statut de héros aux yeux doux, mais Sophie Allard nous rappelle que les chiens n’avaient pas attendu les confinements pour adoucir nos vies, à travers une quinzaine d’histoires marquantes célébrant la complicité canino-humaine.

« Vous feriez mieux de faire des reportages sur la Syrie. » Voici le genre d’apostrophe que certains lecteurs nous envoient à la suite de la publication d’articles portant sur les animaux de compagnie. Ces derniers auraient tout intérêt à consulter Ces chiens qui font du bien, dont le premier chapitre porte justement sur une famille syrienne réfugiée à Montréal, ayant tout laissé derrière elle, y compris son chien Fox. Un toutou du genre têtu ; tout autant que ses maîtres, inconsolables. Après de longs mois de tentatives de rapatriement, grâce à un réseau d’associations, Fox a finalement quitté la Syrie pour venir recomposer un foyer complet.

Cette heureuse histoire peinte sur toile de fond dramatique n’est que la première boule (de poils) d’un grand chapelet constitué par Sophie Allard, rédactrice et ancienne journaliste de La Presse, et Chantal Levesque, photographe animalière. Y sont brossés toutes sortes de récits véridiques canins et humains, entre joie, héroïsme, tragédie et réconfort : du saint-pierre de soutien aux victimes en passant par le corgi de compétition, du fidèle chien de berger au lévrier vedette d’Instagram. Mais d’emblée, le cas de Fox démontre qu’en regardant un peu plus loin que le bout de sa truffe, tous ces animaux dictent à leur manière quelque chose sur l’Homme.

PHOTO CHANTAL LEVESQUE, FOURNIE PAR L’ÉDITEUR

L’histoire de Fox n’est qu’un exemple tiré des nombreuses histoires de relations chien-humain relatées par l’autrice dans le livre. Fox est resté près de deux ans en Syrie avant que sa famille, réfugiée au Québec, n’ait pu le faire exfiltrer.

« L’objectif était de raconter des histoires qui font du bien, touchantes, où le chien serait un fil conducteur. Mais ce n’est pas un ‟livre de chiens” ni ‟sur les chiens”, il porte plutôt sur la relation humain-chien, en rencontrant des gens qui ont vécu des situations exceptionnelles avec leur animal et en faisant la lumière sur certaines réalités moins connues », explique l’autrice, qui a grandi en compagnie de toutes sortes de pitous. Elle évoque par ailleurs dans l’ouvrage comment son affectueux Willie l’a aidée à se remettre d’un burnout. Et c’est justement cette réciprocité qui est explorée au gré des portraits. « On y retrouve systématiquement un contact similaire avec leur humain, une relation très saine et réciproque. Quand un chien nous fait du bien, ça se fait en retour », remarque-t-elle.

Boules poilues bouleversantes

Ces chiens qui font du bien, à la manière d’un recueil, enchaîne des récits fouillés résonnant avec une grande sensibilité, puisés au Québec. Tous soulignent, sous des aspects parfois diamétralement opposés, la différence opérée par le meilleur ami de l’homme sur des quotidiens singuliers. On nous y présente ainsi La-La, une chienne ayant accompagné un ancien itinérant toxicomane d’abord dans la rue, puis vers une voie de sortie. Mais aussi Charlotte, un berger allemand qui a sauvé sa maîtresse ensevelie sous des bûches de bois, ou encore Dude, un goldendoodle officiant comme soutien psychologique pour des ambulanciers.

PHOTO CHANTAL LEVESQUE, FOURNIE PAR L’ÉDITEUR

Le jeune Youssef, condamné par un cancer infantile rare, avait un rêve : avoir un husky près de lui jusqu’à la fin. La fondation Rêves d’enfants a rendu possible son souhait, ce qui a transfiguré ses derniers instants. Désormais, les membres de sa famille (photo) prennent soin de Rocco, qui leur rappellera à jamais Youssef. Cette histoire déchirante est racontée en détail, avec beaucoup de sensibilité, dans l’un des chapitres du livre.

Certaines histoires se révèlent plus légères (Tika, étoile de la mode sur Instagram), tandis que d’autres vous poignardent en plein cœur, comme celle de Youssef, un jeune garçon atteint d’un cancer incurable, dont l’un des ultimes souhaits était d’avoir un husky à ses côtés pour l’accompagner jusqu’à la fin.

C’est l’une des histoires qui m’a le plus marquée. Quand j’ai rencontré sa mère, Youssef était décédé depuis peu. Elle m’a raconté à quel point la venue du chien a changé la fin de vie de son fils. Elle a pleuré, moi aussi, on a pleuré ensemble.

Sophie Allard

De grandes émotions… sans oublier les informations. Pour respirer un grand coup entre chaque présentation, les chapitres sont ponctués par divers interludes instructifs ou chiffrés, basés sur des études, des faits méconnus ou étonnants au sujet des chiens. Aussi, une partie de l’ouvrage, rédigé notamment pendant la pandémie, collecte les témoignages de personnes isolées qui ont pu compter sur leur compagnon-héros pour mieux supporter le confinement.

Le tout est abondamment illustré par les splendides photographies de Chantal Levesque, matérialisant le fameux lien de complicité entre ces toutous hors pair et leurs propriétaires. « Je trouvais que les photos de Chantal étaient très dynamiques, avec beaucoup de mouvement, de créativité. Elle a une sensibilité qui ressemble beaucoup à la mienne », précise Sophie Allard.

Portrait canin : et si vous étiez un chien ?

Nous avons demandé à Sophie Allard quel type de chien elle serait si elle était née avec quatre pattes. Essayez de répondre par vous-même aux questions : l’exercice n’est pas si simple !

Quelle race de chien seriez-vous ?

« Un colley, peut-être ? Parce que c’est un chien doux et calme, bien que sportif et amical. »

Quel rôle joueriez-vous ?

« J’aimerais être un chien de zoothérapie à l’hôpital pour réconforter les petits malades. »

Dans quel environnement vivriez-vous ?

« J’habiterais à la campagne dans une famille aimante, avec de grands espaces et des montagnes pour gambader à ma guise ! »

IMAGE FOURNIE PAR LES ÉDITIONS LA PRESSE

Ces chiens qui font du bien, par Sophie Allard, avec les photographies de Chantal Levesque

Ces chiens qui font du bien
Sophie Allard
Photographies de Chantal Levesque
Éditions La Presse
265 pages