La maison des Hollandais, c’est d’abord une grande demeure dans la petite ville d’Elkins Park, en banlieue de Philadelphie. Elle a été construite par un couple de Néerlandais, les VanHoebeek, dont le portrait trône dans le grand salon de la maison. Grâce à ses immenses fenêtres, on peut voir « à travers » cette maison que tout le monde connaît dans la région.

Dès les premières pages, on s’attache immédiatement au narrateur, Danny Conroy, et à sa grande sœur Maeve. Ils vivent dans cette maison avec leur père et deux domestiques qui veillent sur eux durant la journée. Quant à leur mère, elle s’est mystérieusement enfuie pour aller vivre en Inde et on ne connaîtra que plus tard les raisons de cette fuite.

La famille Conroy vit dans les silences, les non-dits et le chagrin refoulé. Le vrai noyau, c’est Danny et sa sœur, toujours là pour lui, responsable et bienveillante. Il règne un certain équilibre au sein de cette maison, du moins jusqu’au jour où une nouvelle femme, Andrea, entre dans la vie de leur père avec ses deux filles. Cette belle-mère non désirée est plus fascinée par la demeure que par son nouveau conjoint et ses enfants qu’elle réussit à éloigner.

On retrouve plusieurs touches gothiques dans ce roman : une grande maison un peu mystérieuse, des secrets de famille qui reviennent hanter les personnages, une figure un peu machiavélique (la belle-mère)… Au bout du compte, La maison des Hollandais s’avère à la fois un poids et un aimant pour les enfants Conroy qui y reviendront encore et encore. Et qui prendront une certaine revanche sur la vie.

Ann Patchett signe un très beau roman, très bien traduit, avec des personnages qui restent avec nous une fois la lecture terminée.

★★★½
La maison des Hollandais
Ann Patchett, traduit de l’anglais (États-Unis) par Hélène Frappat
Actes Sud
311 pages