La mort de Marie-Claire Blais a touché une corde sensible chez plusieurs de nos lecteurs. Nous vous avons demandé quel est votre livre préféré de cette grande autrice et pourquoi. Voici quelques-unes des réponses reçues.

Une saison dans la vie d’Emmanuel, paru en 1965. J’avais 15 ans. Marie-Claire Blais m’a ouvert le chemin de la culture et des arts, de la révolte et du non-conformisme. Elle a été ma première idole, elle a guidé mon adolescence.

Bernard Dostie

Le loup. J’ai découvert Marie-Claire Blais à 14 ans, récemment immigré de France, isolé et désolé à la polyvalente d’une ville du Bas-du-Fleuve, dotée fort heureusement d’une bibliothèque bien garnie et peu fréquentée, où je passais tous mes moments libres. J’étais à l’époque obsédé comme beaucoup d’adolescents par le sens de la vie et la spiritualité. Le loup m’a complètement bouleversé, je l’ai lu deux fois d’affilée. Je garde le souvenir d’une écriture dense qui jamais ne suffoque et d’une intelligence aiguë. Et le propos, l’homosexualité comme un apostolat, m’a à la fois choqué et ébloui. J’ai découvert par la suite Une saison dans la vie d’Emmanuel et Un sourd dans la ville, mais Le loup est resté pour moi, bien que moins connu, très marquant. Marie-Claire Blais méritait effectivement le Nobel. Quelle œuvre ! Quelle perte.

Jean-Pierre Mercé

Une saison dans la vie d’Emmanuel. C’est un livre qui a fait basculer la littérature québécoise dans la modernité par sa thématique universelle. Elle a donné voix aux plus démunis et aux minorités sexuelles. Nous perdons un monument littéraire.

Alain Chalifoux

Nuits de l’underground. À 16 ans, j’ai découvert qu’il existait un monde parallèle pour les femmes gaies. Quelle plume ! Elle n’aura jamais eu la reconnaissance qu’elle méritait de son vivant.

Louise Butler

Je n’ai lu que le livre Une saison dans la vie d’Emmanuel, autour de 1970, et j’avais adoré, malgré mes 16 ans. Soyez cependant assurée que je ferai honneur à son œuvre au cours des prochains mois.

Aubert Gallant

Deux livres marquent mon passage de l’enfant lecteur au lecteur adulte : L’avalée des avalés et Une saison dans la vie d’Emmanuel. Avec ce dernier, je prenais conscience de l’état du peuple québécois, de sa pauvreté matérielle et culturelle, du poids de “l’ancien temps”. De cette lecture, naquit en moi la volonté de changer les choses, d’inscrire la trajectoire du peuple québécois dans la modernité. Ce livre marquait aussi le bonheur de voir une personne d’ici, une femme d’ici, reconnue ailleurs. Comme si un autre monde s’ouvrait pour nous, comme si sortir de nos étroites frontières devenait possible. Merci, sincèrement merci.

Jean Brodeur

Pour son point de vue incisif sur la société américaine : Parcours d’un écrivain : notes américaines. Elle présente un autre coup d’œil sur cette société polarisante ; on aime ou on n’aime pas les États-Unis.

Jean-François Laferté

Marie-Claire Blais m’a toujours ramené à mon année de cégep en 1972 où mon prof de littérature, un ex-prêtre qui nous donnait non pas seulement le goût de la lecture, mais l’amour de la lecture, nous avait fait connaître cette auteure grandiose en nous faisant lire Une saison dans la vie d’Emmanuel. Je lui en suis reconnaissant !

Claude Blanchet