Le mouvement #moiaussi et les vagues successives de dénonciations d’agressions sexuelles ont mis au premier plan l’importance de la notion de consentement. Comment aborder le sujet avec les enfants ou les adolescents ? Nancy B.-Pilon et Sophie Rondeau ont choisi la fiction pour ouvrir le dialogue. La Presse s’est entretenue avec elles.

Dans Roselionne, roman destiné aux 6 ans et plus, l’héroïne a une « crinière de feu » que ses camarades et sa famille ne peuvent s’empêcher de toucher… trop souvent sans permission.

« Je trouvais que c’était une métaphore vraiment facile à comprendre pour les enfants. Je ne voulais pas aller dans l’abus ou dans quelque chose de sexuel, parce que le consentement, je pense que ça s’apprend par de petites choses, comme demander la permission pour de petits actes banals », explique Nancy B.-Pilon, qui s’est inspirée d’une ancienne camarade de classe à la chevelure fascinante pour créer le personnage de Roseline.

L’idée d’écrire ce roman jeunesse a germé en 2016, alors que l’autrice faisait la promotion du collectif Sous la ceinture – Unis pour vaincre la culture du viol, qu’elle a dirigé. « Souvent, dans la tournée de presse qui a suivi, on parlait avec les journalistes de l’importance de l’éducation sexuelle à l’école […], de l’importance d’apprendre le consentement rapidement aux enfants. Ils me demandaient si j’avais des outils dans la littérature jeunesse à proposer. Je n’en connaissais pas vraiment », raconte la jeune femme qui est aussi enseignante. Elle trouvait qu’il y avait particulièrement une lacune du côté de la fiction. Elle a voulu y remédier.

Celle qui travaille actuellement sur un essai portant sur la façon d’élever une fille dans la société d’aujourd’hui espère que ce roman sera utilisé dans les classes ou dans les familles pour aborder la question du consentement.

Le but, c’est d’ouvrir la discussion et de faire comprendre autant aux enfants qu’aux parents que le consentement, ça s’apprend dès le plus jeune âge.

Nancy B.-Pilon

Sombre, mais réaliste

Ouvrir le dialogue, c’est aussi ce que souhaite Sophie Rondeau. Le titre de son roman pour adolescents, Moi aussi, ne laisse aucune ambiguïté sur le contenu de l’histoire. Dès les premières pages, Romane, élève de quatrième secondaire, se fait violer par son ami Esteban après avoir fumé quelques joints.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Sophie Rondeau

Je voulais montrer que ça ne vient pas de nulle part, les agressions. Ça vient de personnes en qui on a confiance.

Sophie Rondeau

De fait, selon les plus récentes données révélées par la Fondation Marie-Vincent cet automne, dans 99 % des cas, l’enfant victime d’agression sexuelle connaît son agresseur.

Écrit au je, Moi aussi reflète bien les émotions et les questionnements qui peuvent survenir après une agression sexuelle. « Quand il t’arrive quelque chose de vraiment marquant, au début tu ne le réalises pas, peu importe ce que c’est. C’est un choc. Peu à peu, tu commences à assimiler l’information. C’est là que tu commences à réaliser vraiment ce qui t’est arrivé. […] C’est là que tu commences à ne pas te sentir bien », avance Sophie Rondeau. Trop de personnes dans son entourage ont déjà été agressées, confie-t-elle.

Le roman sombre, mais réaliste aborde un autre sujet difficile : le suicide. « J’ai voulu parler du suicide parce que quand moi, j’étais ado, j’ai deux amis qui se sont suicidés. » L’un des deux a survécu à sa tentative, précise-t-elle, mais il est resté aveugle. « Il y a beaucoup de garçons, fin de l’adolescence, début vingtaine, qui sont torturés, qui ne vont pas bien », s’attriste l’ancienne enseignante qui aimait discuter d’« absolument tout » avec ses élèves.

Agression sexuelle ou idées suicidaires, l’important, c’est d’en parler, insiste-t-elle. « Parler à un ami, à un prof, à un psychologue, à n’importe qui. L’important, c’est de ne pas être isolé. Je trouve que c’est ce qu’il faut retenir. »

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Ligne québécoise de prévention du suicide : 1 866 APPELLE (277-3553)

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Roselionne

Roselionne

Québec Amérique

Dès 6 ans

Moi aussi

Moi aussi

Hurtubise

Dès 14 ans