Le véganisme est plus qu’un mode de vie ou un régime en vogue, rappellent les 12 auteurs et autrices qui signent les textes de ce recueil. Il est doublé d’un caractère politique souvent occulté et considéré par plusieurs comme une lutte de seconde zone, derrière les luttes humaines que sont les mouvements féministe, antiraciste et anticapacitiste.

Hiérarchiser les oppressions est maladroit et (V)égaux : vers un véganisme intersectionnel – c’est le titre de l’ouvrage – ne tombe pas dans ce piège. Dirigé par la militante Marilou Boutet, l’essai se penche plutôt sur les liens qui unissent le spécisme, idéologie qui repose sur une hiérarchie entre les espèces, spécialement sur la supériorité de l’être humain sur les animaux, et les autres formes de discrimination. En les distanciant, « nous nous privons de solutions pour lutter contre l’un et l’autre [le racisme et le spécisme] », écrit la militante et chroniqueuse Dalila Awada.

Il ne faut pas se laisser freiner par l’aridité apparente de son titre et son sujet souvent réservé à des ouvrages théoriques. L’essai se voulait accessible, et c’est réussi. Les plumes et le style des textes sont variés. On a fait appel à des artistes, poètes, essayistes, philosophes, humoristes et figures de proue de la défense des droits des animaux au Québec, dont Jean-François Labonté, Élise Desaulniers, Valéry Giroux et Thomas Lepeltier.

Leurs démonstrations, que certains trouveront certes radicales, bousculent et amènent une réflexion intéressante sur les rapports de pouvoir et les angles morts de nos raisonnements éthiques.

(V)égaux : vers un véganisme intersectionnel

(V)égaux : vers un véganisme intersectionnel

Éditions Somme Toute

176 pages

7/10