Au fond, c’est une histoire très simple : celle d’un homme qui doit vivre le deuil de la femme qu’il aimait tout en prenant soin de son fils, Robin, un enfant sensible qui souffre de troubles de comportement.

Trouble du spectre de l’autisme ? TDAH ? Le père, Theo Byrne, rejette les étiquettes. Il ne veut surtout pas médicamenter son fils comme le demande la direction de l’école de Robin.

Astrobiologiste de profession, il convie Robin à des voyages imaginaires dans les planètes des confins de l’Univers. Lorsque ce n’est plus suffisant, il se tourne vers une technologie révolutionnaire, le neurofeedback, qui pourrait aider Robin à corriger ses schémas mentaux en calquant ceux d’autres personnes. On entre ainsi, un peu, dans le domaine de la science-fiction.

La relation père-fils est au centre du roman. Theo aime son fils inconditionnellement, mais cet amour est teinté de perplexité et d’impuissance. Il est difficile de ne pas être touché par les efforts du père et du fils pour se rejoindre.

Richard Powers va toutefois au-delà de cette histoire de famille en ancrant son roman dans une Amérique aux prises avec un régime de style trumpiste. La science est de plus en plus menacée, ce qui risque d’avoir des conséquences graves pour les principaux personnages du roman.

L’écrivain américain revient également sur un de ses thèmes de prédilection : la protection de l’environnement. Sidérations constitue ainsi une sorte de suite à son roman précédent, L’Arbre-Monde, qui a remporté le prix Pulitzer de la fiction en 2019.

Le jeune Robin se soucie du bien-être et de la survie des diverses formes de vie de la planète, au point d’en faire une obsession. Ce plaidoyer un peu intense pourrait agacer certains lecteurs. D’autres y reconnaîtraient plutôt l’idéalisme parfois intransigeant de la jeunesse et y seraient ainsi plus réceptifs.

L’écriture de Richard Powers est sensible et est à son mieux lorsque l’écrivain évoque les sentiments du duo père-fils ou lorsqu’il nous entraîne sur des planètes imaginaires. Il réussit aussi à faire preuve de rigueur et de clarté lorsqu’il explique les tenants et aboutissants de la technologie de neurofeedback.

Si L’Arbre-Monde était un peu éclaté, avec des intrigues, des lieux et des personnages distincts, Sidérations tire sa force d’une histoire simple, bien serrée, qui laisse quand même place au rêve et à l’espoir.

Sidérations est nommé pour le prix Booker, comme l’avait été L’Arbre-Monde. L’œuvre gagnante sera annoncée le 3 novembre prochain.

Sidérations

Sidérations

Actes Sud

400 pages

8/10