Un jeune ethnologue, David Mazon, part à la campagne pour étudier le mode de vie rural. Ses intentions sont bonnes. Il faut faire avancer la science. Mais son travail de terrain se confond bien vite avec la vraie vie, alors qu’il apprend à connaître la faune de ce petit village situé dans l’arrière-pays niortais (centre-ouest).

Ici un couple de fermiers sympathique, là un artiste peintre, plus loin un maire, par ailleurs fossoyeur dans la vraie vie. Sans oublier, bien sûr, la charmante Lucie, militante engagée pour l’environnement.

Mais on découvre bientôt que dans ce lieu d’apparence anodine, les gens ne sont pas seulement des gens, mais aussi la multitude des vies qui les ont précédés, c’est-à-dire celles de leurs ancêtres plus ou moins lointains, dont l’histoire nous est aussi racontée par fragments.

Avec un titre aussi long que Le banquet annuel de la confrérie des fossoyeurs, on se dit qu’il y en aura beaucoup à ingérer dans cette drôle d’histoire. Et c’est le cas. Gagnant du prix Goncourt en 2015 (La boussole), Mathias Enard livre un récit jovial, touffu et parfois étonnant, pourvu qu’on en pince pour le vernaculaire, les descriptions abondantes, la surenchère toponymique et les grandes bouffes qui s’éternisent. Au cœur du récit, le « banquet annuel des fossoyeurs » est le pinacle de cette histoire foisonnante et bourrative, où l’on se noie dans le vin, les fromages de toutes sortes et les plats du terroir en sauce. Une gigantesque orgie que n’aurait pas reniée Rabelais, à qui l’auteur fait, du reste, souvent référence.

Mais attention aux petits estomacs. La digestion peut être lourde.

★★★

Le banquet annuel de la confrérie des fossoyeurs, de Mathias Enard, Actes Sud, 427 pages