Ce deuxième roman de l’écrivaine Emmanuelle Caron, qui a aussi publié plusieurs ouvrages jeunesse, raconte une histoire étrange dans une forme qui l’est presque autant. Il y a pour commencer celle d’Armand, sorte de fantôme qui plane sur un récit qui s’attardera surtout à sa femme Marguerite. En l’absence de son mari, elle est retournée vivre auprès de sa mère rompue à la sorcellerie dans la forêt où elle a grandi et où demeurent enracinés de très sombres souvenirs de son enfance.

Les lois du jour et de la nuit distille habilement son mystère et s’impose surtout grâce à une écriture forte, oppressante, qui évoque avec une justesse inquiétante les tourments de Marguerite et l’environnement malsain dans lequel elle est plongée avec son fils Pierrot. Elle fait sentir la peur, le dégoût, même un peu de suspense dans ce roman imagé qui emprunte à la fois au conte et au fantastique.

Une fois le décor bien planté, le récit principal se dénoue par contre d’une manière précipitée qui laisse sur sa faim. La romancière s’intéresse ensuite au destin d’Armand, presque absent jusque-là, auquel le lecteur peine à s’intéresser après s’être attaché aux étranges péripéties de Marguerite et de son fils. Le jeu de miroirs attire peu et convainc peu, donnant l’impression d’un vice dans la forme d’un roman au style pourtant puissant.

★★½

Les lois du jour et de la nuit
Emmanuelle Caron
Héliotrope
251 pages

PHOTO FOURNIE PAR L’ÉDITEUR

Les lois du jour et de la nuit, d’Emmanuelle Caron