Cet hiver, la comédienne Sarah-Jeanne Labrosse devient Defred, la narratrice et protagoniste principale de La servante écarlate, de Margaret Atwood. Non, pas à l’écran (une superbe série existe déjà), mais dans la version québécoise du livre audio, présentée par audible.ca et à laquelle elle prête sa voix.

Au studio Audio Z, dans le centre-ville de Montréal, Sarah-Jeanne, écouteurs sur les oreilles, enregistre de nouveau les premières pages du populaire roman de l’autrice canadienne. Le livre a déjà été enregistré en entier, mais la comédienne veut retourner aux premiers chapitres pour mieux les interpréter. Par perfectionnisme, on le devine.

Elle se lance dans les remerciements, puis la préface, avant de devenir Defred, le personnage principal de La servante écarlate. Il y a bien une part d’interprétation dans ce que la comédienne fait. Mais pas trop, précise-t-elle. 

L’important, c’est que je sois chargée, quand je lis, de ce que le personnage vit. Mais il ne faut pas que j’en mette trop parce que c’est un roman et qu’on veut laisser de la place à l’imagination. C’est un juste milieu. 

Sarah-Jeanne Labrosse

Elle s’implique alors comme elle le fait avec les personnages qu’elle incarne à la télévision ou au cinéma, mais restreint une partie de son jeu pour laisser l’imagination des auditeurs faire le reste.

Si elle-même consomme des livres audio, elle n’avait pas de référence basée sur des expériences précédentes. C’est la première fois que Sarah-Jeanne Labrosse se lance dans la narration d’un livre de cette envergure. Et elle le fait avec un roman porteur d’une histoire importante et d’émotions vives.

« C’est écrit au “je” et raconté par la protagoniste, dit-elle. C’est très impliquant de porter sa voix et son émotion. C’est une expérience vraiment riche pour moi de traverser le livre et d’essayer d’y mettre une couleur. »

C’est important, croit-elle, qu’une voix québécoise puisse porter ce récit. « Ça aurait été un manque qu’il n’y ait pas de version d’ici, dit Sarah-Jeanne. Et pas ma version [nécessairement], mais juste une version québécoise. » Parce qu’on est une société distincte, argue la comédienne, et que pour s’identifier, il faut avoir quelque chose qui nous parle. « Je pense qu’on est bon dans ce qu’on fait et c’est le fun qu’on puisse donner un son qui nous ressemble à cette œuvre-là », ajoute-t-elle. 

Comme l’actrice Claire Danes l’a fait avec la version anglophone, Sarah-Jeanne Labrosse y va de son interprétation personnelle. « Et la version de l’actrice qui va le faire pour la France ne ressemblera pas à mienne, même si ce sont les mêmes mots, affirme-t-elle. Je suis Québécoise et je [l’ai fait] comme une Québécoise. »

Le sceau Atwood

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

C'était la première fois que Sarah-Jeanne Labrosse se lançait dans la narration d’un livre de cette envergure.

Sarah-Jeanne a reçu le sceau d’approbation de Margaret Atwood elle-même. « J’ai passé une audition pour qu’elle approuve ma voix, raconte la comédienne, non pas peu fière d’avoir été choisie par la grande romancière. Je pense qu’elle l’a fait pour toutes les versions de son livre audio. J’ai lu plusieurs pages en studio et quand elle a dit oui, on est passé à l’enregistrement. »

L’enregistrement s’est déroulé durant quelques semaines, une trentaine d’heures en tout. « Ça s’est bien fait, c’est tellement captivant comme roman », dit-elle.

Elle a accueilli avec joie la charge considérable de travail, elle qui fait beaucoup de doublages. Et elle relate son expérience avec le même enthousiasme maintenant qu’elle touche à sa fin.

Ça me tentait tellement de le faire. J’aime ça travailler en voix et, en plus, c’est pour une œuvre extraordinaire.

Sarah-Jeanne Labrosse

Si ce n’était de l’enregistrement de ce livre audio, Sarah-Jeanne Labrosse n’aurait pas eu le temps de lire le livre de Margaret Atwood, admet-elle. Pourtant, on lui en a souvent parlé. Surtout ces dernières années, alors que la série télévisée a créé une vague et ravivé l’intérêt pour l’œuvre dystopique de 1985 et son propos. 

« Des gens me disaient qu’avec le personnage de Donalda [dans Les pays d’en haut], je me devais de regarder The Handmaid’s Tale. Que c’est tellement riche, avec un personnage tellement chargé, dans une pudeur qui peut ressembler, malheureusement, au contexte d’époque de Donalda. »

Mais entre tous ses projets (télé, ciné, web, animation, caritatif), le temps lui manque. C’est lorsqu’on a lui parlé du projet d’audible.ca qu’elle a écouté le livre audio de Claire Danes. 

« Ça a provoqué ma découverte de l’œuvre. Même si j’en pensais déjà de belles choses, parce que je connaissais le message, le féminisme apporté par cette histoire-là, même sans l’avoir lu », explique Sarah-Jeanne. 

Le roman a eu un impact sur elle, raconte-t-elle. Parce qu’il a un impact sur tous ceux qui s’y attardent. Parce qu’il force à « constater nos privilèges, regarder le monde autrement », ajoute-t-elle.

Au moment de réenregistrer les premiers chapitres de La servante écarlate au studio Audio Z, avant de vraiment « lâcher prise » sur ce projet, Sarah-Jeanne Labrosse dit avoir vécu une expérience « riche, comme actrice et comme humaine ».

« Si j’avais le contrôle sur le travail qui vient à moi, j’en ferais encore plein d’autres », lance-t-elle en souriant, avant de retourner jouer Defred, tablette sous les yeux, pendant quelques instants encore.

Sarah Jeanne Labrosse sera au Salon du livre à partir de 19 h, le vendredi 22 novembre, pour signer des autographes et lire un extrait en primeur de La servante écarlate.

IMAGE FOURNIE PAR AUDIBL.CA

Livre audio de La servante écarlate, de Margaret Atwood, par audible.ca

La servante écarlate
audible.ca
Livre audio offert dès le 10 décembre