Vivian Maier, c’est cette nounou dont on a découvert par hasard après sa mort les milliers de photos qu’elle avait prises au cours de sa vie dans les rues de New York, de Chicago et d’ailleurs dans le monde.

Si elle a acquis une célébrité posthume et que son travail est aujourd’hui considéré comme aussi important que celui d’un Robert Doisneau, une grande partie de cette vie discrète et effacée reste un mystère.

Un documentaire lui a été consacré il y a quelques années, et c’est au tour de l’auteure française Gaëlle Josse d’essayer de percer les secrets de Vivian Maier. Dans ce récit chronologique, l’auteure s’attarde beaucoup sur sa jeunesse, ses origines françaises, sa famille dysfonctionnelle – le mot est faible –, ses allers-retours entre l’Europe et l’Amérique.

Qu’est-ce qui faisait courir l’indépendante et téméraire photographe ? Qu’est-ce qui a motivé son désir d’anonymat et son existence solitaire ?

Le résultat est un travail d’orfèvre fabriqué autour d’une vie aux contours flous : l’auteure n’a pas eu beaucoup de matière pour se nourrir et même si le livre est court, la sauce semble par moments étirée.

Il pose cependant des questions intéressantes sur la vocation artistique et sur le sort des artistes aux parcours atypiques, mais étonnamment peu sur la (mince) place des femmes dans l’histoire de l’art – l’histoire de Vivian Maier est pourtant une puissante métaphore qui aurait pu être davantage exploitée. On ne parlera jamais trop de Vivian Maier.

★★★ Une femme en contre-jour. Gaëlle Josse. Notabilia. 154 pages.