En 2014, quelques mois à peine après la séparation du trio comique Les Chick’n Swell, on découvrait pour la première fois Daniel Grenier en solo, en ouverture du spectacle Chien de Mike Ward. Déstabilisant, un peu brouillon mais en quête d’un style unique, l’humoriste a finalement rodé J’adore, son premier one-man show, pendant plus de quatre ans.

Quatre années où on a pu le voir réchauffer le public pour de nombreux confrères, offrant chaque fois un voyage d’une quinzaine de minutes dans un autre univers. Mercredi soir au Lion d’or, Daniel Grenier avait convié les médias à découvrir le résultat. Il se décrit lui-même comme un artiste « au style what the fuck » et on ne pourrait le contredire. Un genre niché, occupé par très peu d’humoristes, qui a pour plus grand danger de basculer de l’absurdité totale au grand n’importe quoi.

La créativité de Daniel Grenier est indéniable. Le travail derrière certains de ses numéros l’est tout autant. Mais le résultat ne vaut pas toujours les efforts investis par l’humoriste. 

On n’a étonnamment pas observé de grande évolution entre le matériel vu au cours des dernières années et la version finale d’une heure trente de J’adore (certains sketchs datent, comme celui faisant référence au jeu Angry Birds). 

Guitare à la main, Daniel Grenier commence la soirée avec une chanson dans laquelle il demande : pourquoi le drummer de Kiss se maquille en chat ? Un premier sketch plutôt sympathique qui donne le ton.

Les moments guitare-voix sont sans doute les plus réussis du spectacle, tout comme ceux qui renvoient à ses années Chick’n Swell. Les spectateurs réagissent beaucoup plus à ses reprises de succès du groupe qu’à ses nouveaux titres, exception faite de Vélo tandem, extrait de son album J’ai un poussin sur la tête, sorti en 2014.

Devant l’engouement du public pour les chansons de son ex-trio comique, Daniel Grenier lâchera d’ailleurs : « Je ne m’attendais pas à ça. La prochaine fois, je vais pratiquer toutes les tounes et inviter Simon. »

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

« La grande force de Daniel Grenier demeure son utilisation d’accessoires inusités, sortis de ses deux valises posées sur des tabourets », écrit notre journaliste.

La grande force de Daniel Grenier demeure son utilisation d’accessoires inusités, sortis de ses deux valises posées sur des tabourets. Surtout des jouets pour enfants détournés de leur usage habituel pour faire rire les plus grands. Les charades créées à partir de collages de photos sont également très drôles. Mais ce sont les mêmes que celles déjà vues en première partie d’autres humoristes. Saluons son résumé du film Titanic avec accessoires sonores et photos décalées à l’appui. Un bon flash.

Les bonnes idées de Daniel Grenier sont éparpillées tout au long du spectacle et on ne sait jamais s’il va sortir de ses valises un gag audacieux ou complètement à côté de la plaque, peut-être drôle dans un brainstorm artistique, mais beaucoup moins sur scène.

Si on a envie de réentendre certaines chansons de Sèxe Illégal ou des Chick’n Swell, on ne retrouve pas cet engouement après avoir entendu les nouvelles créations de Daniel Grenier. Même en essayant très fort d’embarquer dans le délire de l’artiste, il est impossible d’y parvenir pendant 90 minutes.

L’humoriste est nettement plus efficace dans un format plus réduit, comme c’est le cas quand il assure des premières parties. Et à tous ceux qui seraient tentés de dire qu’on n’a pas saisi la démarche décalée de l’artiste, l’absurdité a le dos large et ne peut pas toujours tout justifier.

★★ J’adore. Daniel Grenier. En tournée jusqu’en janvier 2020.