Ève Salvail l’avait deviné – ce n’était pas un dossier mystère comme à l’époque de Jean Coutu à TQS – et elle avait même commencé à « paqueter ses affaires pour crisser son camp ».

Sans surprise, la mannequin de 52 ans a été expulsée dimanche soir de Big Brother Célébrités, dernière des trois victimes de l’alliance temporaire des « tu dors, tu sors ».

Ce regroupement majoritaire, formé pendant les négociations de la nuit des six jetons (oui, c’est sérieux à ce point-là), a ciblé Ève Salvail, la drag queen Barbada et l’humoriste Mélanie Ghanimé, qui ont privilégié leur sommeil au détriment de la stratégie. You snooze, you lose, comme on dit à la cérémonie de la flamme à L’île de l’amour. De son côté, Ève Salvail a décrit ses adversaires comme des gens « qui restent tard et qui risent ensemble ».

En théorie, la partie aurait ensuite repris son rythme habituel, sauf que la production de l’émission a offert un cadeau inattendu à Ève Salvail. C’est elle qui officiera comme patronne invisible cette semaine. Un énorme privilège jamais accordé à un concurrent évincé.

Pour nous, simples téléspectateurs accros au moindre chuchotement près de la table de ping-pong jaune, c’est du bonbon. Ève sèmera assurément le chaos et la paranoïa en éliminant, en secret, une tête forte de Big Brother Célébrités. Pour paraphraser la youtubeuse Gabrielle Marion, la maison sera « en dessous dessus ».

Mais pour les dix candidats encore dans le loft studio, c’est assez injuste. Ève Salvail n’a rien accompli d’extraordinaire pour hériter de ce superpouvoir. Elle n’a pratiquement pas accumulé de jetons. Elle n’a remporté aucun défi crucial. Et elle a boudé dans son coin dans les derniers jours en attendant de passer à la trappe. Ordinaire comme attitude.

Au moins, Ève Salvail a éventé tous ses secrets (la composition des Zoolander ! L’existence de Star Alliance !) et elle a brassé ses camarades féminines avant de disparaître dans l’antichambre. Réveillez-vous et ralliez-vous, les filles, c’est le temps d’amorcer une révolution, a plaidé l’ancienne égérie de Jean Paul Gaultier (et non de Révolution).

Vrai, les hommes dominent outrageusement cette quatrième saison de Big Brother Célébrités sur Noovo et ils zigouillent les femmes les unes après les autres, dont la chanteuse Patsy Gallant, Mélanie Ghanimé et la tiktokeuse Pascale de Blois.

Sur les dix colocataires encore dans le jeu, il ne reste que quatre femmes. L’athlète paralympique Frédérique Turgeon, qui a connu une semaine de patronat très moyenne, n’a quasiment aucune chance de gagner. Les espoirs reposent donc sur la comédienne Joëlle Paré-Beaulieu, l’humoriste Erika Suarez et Gabrielle Marion, avec un avantage pour Joëlle, qui manigance avec aisance depuis le premier jour.

Patrick Côté, alias Papa Ours, reste le leader autoproclamé, et c’est évident qu’Ève Salvail l’a déjà dans sa ligne de mire. Si la top-modèle respecte son crédo féministe, elle mettra aussi sur le bloc l’olympien Charles Hamelin, le scénariste Daniel Savoie ou l’humoriste Dave Morgan, Danick Martineau étant immunisé grâce à sa victoire au challenge du patron.

Comme le designer Jean Airoldi a été son complice des quatre dernières semaines, Ève l’épargnera sûrement et ne le punira pas pour lui avoir fait porter une robe en papier de toilette. Un vêtement aussi controversé que la robe-veste en denim qu’a portée Véronique Cloutier à Zénith jeudi passé.

Les sparages de Roxane Bruneau

Roxane Bruneau, à son premier tour de fauteuil musical à La voix, déplace beaucoup d’air sur le plateau. Parfois trop. Ses mimiques pendant les prestations, ses muffins aux carottes, le joker qu’elle a sorti de son manteau, l’auteure-compositrice-interprète de 33 ans empiète sur le temps de parole de Corneille, France D’Amour et Mario Pelchat avec des interventions pas toujours pertinentes, hélas.

Le plus désagréable, c’est quand Roxane Bruneau fait semblant de ne pas « connaître des mots compliqués ». Comme galvaniser, qu’elle a prononcé « galvasiner ». J’vais aller chercher ce mot-là dans le dictionnaire, a-t-elle blagué.

Puis, quand France D’Amour a complimenté la soprano Ève Dessureault pour le contrôle de sa voix de tête et la puissance de son falsetto, Roxane Bruneau a refait ce même type de gag qui la décrédibilise, je trouve. Pfft, je le sais c’est quoi, un falsetto, c’est un restaurant de pâtes, a-t-elle répliqué.

Honnêtement, si j’étais un participant de La voix, je fuirais une coach qui ne connaît pas le vocabulaire musical de base.

Pour couronner une soirée riche en remarques pseudocomiques, Roxane Bruneau a suggéré à une concurrente qui se touchait le ventre de faire « confiance à son intestin » plutôt que de se fier à son instinct. La pognez-vous ? Soupir.

PHOTO BERTRAND EXERTIER, FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Le candidat Bryan Alexandre-Melo, 20 ans

En excluant les sparages de Roxane Bruneau, cette troisième ronde des auditions à l’aveugle de La voix à TVA a été plutôt tranquille, dimanche soir. Corneille a hérité du candidat le plus intéressant du lot, soit Bryan Alexandre-Melo, 20 ans, de Laval, qui a interprété Lay Me Down de Sam Smith avec une technique quasi parfaite.

En fin de parcours, le passage « spontané » et « imprévu » de l’acteur et humoriste Stéphane Rousseau, qui a repris du Tom Jones, a été sympathique, mais pas nécessaire. C’est du nouveau talent que l’on souhaite découvrir à La voix. Pas le préposé Éric Perron de STAT qui imite un crooner britannique.