Nouvelle de dernière heure : vous ne visionnerez pas les 52 heures d’émissions qui dorment dans votre enregistreur depuis septembre. Impossible. Tâche insurmontable. Oubliez ça.

C’est donc le temps d’effacer ce contenu archivé et de libérer de l’espace pour les nouveautés de l’hiver, dont le thriller juridique Projet innocence de la chaîne Noovo.

Cette série écrite par Nadine Bismuth (Indéfendable, Un lien familial) et réalisée par Catherine Therrien (Virage, Cerebrum) ressemble à un croisement efficace entre The Good Fight et How to Get Away with Murder. Ça commence ce mardi à 20 h, et on nous promet des rebondissements haletants pendant dix épisodes.

J’ai vu lundi les deux premiers épisodes, bien compacts, et j’aurais volontiers enfilé le reste, ce qui s’avère toujours un bon indicateur d’intérêt. L’histoire, maintenant ? Celle du célèbre criminaliste Armand Coupal (solide Guy Nadon, comme toujours), qui supervise quatre étudiants universitaires dans un projet aussi spécial que complexe, celui de prouver l’innocence d’un proxénète, qui nie avoir tué sa copine il y a une douzaine d’années.

Ayant épuisé tous ses recours devant les tribunaux, ce « pimp », Anderson Jean-Louis (Fayolle Jean Jr), est membre d’un gang de rue haïtien du quartier Saint-Michel et a commis de nombreux crimes. Mais a-t-il tabassé Vickie Tremblay (Claudia Bouvette), escorte et danseuse nue, et lui a-t-il tiré deux balles dans la tête ?

Anderson Jean-Louis jure que non, même s’il a été reconnu coupable du meurtre de Vickie et qu’il purge une peine minimale de 25 ans de pénitencier.

Cette intrigue, relativement simple, en cache plusieurs autres, à la façon de poupées russes. En fouillant le dossier d’Anderson Jean-Louis, les quatre étudiants, menés par la tenace Stella (Emi Chicoine), déterrent de nouvelles preuves et testent la validité des alibis. Cette Stella, ambitieuse et fonceuse, est la fille d’un juge retraité très connu et d’une mère avocate (Geneviève Rochette) spécialisée en droit de la famille. Vous vous doutez que ces trois intrigues distinctes de père, mère et fille finiront par se croiser.

PHOTO FOURNIE PAR NOOVO

Scène tirée de Projet innocence

Me Coupal est la colonne vertébrale et le point d’ancrage de Projet innocence. Recruté spécifiquement par la doyenne (Sophie Lorain) de la faculté, c’est la première fois qu’il enseigne à l’université et disons que ses méthodes brusques ne plaisent pas à ses étudiants. Comme la criminaliste Annalise Keating (Viola Davis) dans How to Get Away with Murder, Armand Coupal n’enfile pas quatre paires de gants blancs. C’est bing, bang, merci bonsoir.

Les quatre « stagiaires » de Me Coupal proviennent d’horizons et de milieux bien différents. La plus militante, Bénédicte Lebon (Audrey Roger), se demande quel message on envoie aux victimes de violence sexuelle en défendant le proxénète Anderson Jean-Louis. OK, il n’a peut-être pas assassiné Vickie Tremblay, mais il a quand même exploité plusieurs jeunes femmes, non ? Point très valide. Débattez.

Projet innocence intègre habilement des éléments de séries juridiques, policières, carcérales (souvenir d’Oz, ici) et même une touche de La société des poètes disparus, grâce au décor en boiseries riches de la salle de classe de Me Coupal, mais aussi pour l’aspect mentorat de la télésérie.

Oui, la matière de Projet innocence, produite par Sophie Lorain et Alexis Durand-Brault de chez ALSO, est dense. Avec quelques touches d’humour au scénario et la présence des quatre jeunes universitaires, la série se démarque des productions juridiques plus classiques. Sachez que Projet innocence ne renferme aucune scène de cour ou de palais de justice. L’action se déroule sur le terrain, où l’on suit les revirements de la nouvelle enquête, qui remonte également dans le passé de plusieurs personnages.

Linda Malo campe la mère du proxénète Anderson Jean-Louis, qu’elle a renié. Tiens, tiens. Et je ne sais pas s’il s’agit d’un clin d’œil volontaire, mais l’auteure Nadine Bismuth a baptisé son chef de police Bernard Brown (Alex Bisping). Oui, Bernard Brown. Comme dans la célèbre pub d’Oil of Olay de la fin des années 1980. Mademoiselle Henri ? Oui, Bernard Brown. J’ai souri.

Mort du coauteur d’Indéfendable

Cette triste nouvelle a secoué le milieu de la télévision le week-end dernier. Le criminaliste Richard Dubé, idéateur et coauteur du feuilleton Indéfendable à TVA, est mort subitement samedi. Il a succombé à une crise cardiaque.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE RICHARD DUBÉ

Richard Dubé lors d’un passage à Tout le monde en parle

Richard Dubé, 66 ans, travaillait sur Indéfendable avec sa conjointe Izabel Chevrier, qui produit et coécrit la série juridique pour TVA. Dans un émouvant message publié lundi sur Facebook, Izabel Chevrier a évoqué la « peine indescriptible » qu’elle ressent depuis le départ soudain de son amoureux, l’homme de sa vie.

« Sa présence rassurante, son rire, son humour, sa lucidité, ses bras si aimants, il était mon compagnon de tous les combats et de tous les plaisirs. Nous formions une équipe soudée par le cœur. Une partie de mon cœur s’est éteinte avec lui. Richard était si heureux. Il avait enfin réalisé un grand rêve, soit celui de terminer avec fierté 40 ans de pratique en droit criminel et être auteur », a témoigné Izabel Chevrier.

Les tournages de la deuxième saison d’Indéfendable ont été bouclés à la fin du mois de novembre, ce qui accorde une période tampon à l’équipe pour encaisser cet immense choc. Le troisième chapitre, confirmé par TVA, démarrera en septembre, toujours au cabinet Lapointe, Macdonald et Desjardins.