Tous les lundis à 20 h, j’enfourche mon balai, comme la madame verte dans Le magicien d’Oz, et je pars à Sainte-Piété pour vénérer le dieu cornu et m’abreuver d’eau bénie de lumière éternelle.

Si cette phrase sonne comme du charabia, ou une réplique de Ti-Bill dans Indéfendable, c’est que vous n’avez pas été ensorcelé – sans calme et sans repos jamais – par le nouveau téléroman de TVA, qui nous immerge dans une secte/commune très bizarre du village fictif de Sainte-Piété, dans les Cantons-de-l’Est.

Il y a plusieurs couches de secrets dans Sorcières et c’est normal que les auteurs Germain Larochelle et Marie-Josée Ouellet enfilent lentement les perles sur le collier de leur intrigue.

Le plaisir de suivre ce téléroman touffu réside dans l’anticipation et la construction de théories personnelles, mais rigoureusement documentées, sur la suite de l’histoire.

Par exemple, où se cache la fameuse tante Isabelle, qui a forgé les faux papiers d’identité de deux des sorcières du titre de l’émission, soit l’holistique Agnès (Noémie O’Farrell) et la pragmatique Beth (Marie-Joanne Boucher) ?

Pourquoi le facteur du village, le moustachu et inquiétant Fred (Maxime Genois), épie-t-il les anciens membres de la secte grâce aux nombreuses caméras qu’il visse partout ? C’est vraiment étrange et maniaque comme comportement.

Nostradumas soupçonne toujours que le bébé de Joe (Céline Bonnier) et Luc (Stéphane Gagnon) n’est pas mort, malgré les scènes de sa crémation qui roulent depuis 12 semaines, et qu’il s’agirait du reporter roux Rémi (David Noël) du journal Le Citadin. La couleur des cheveux des personnages de Sorcières n’est pas une coquetterie. Elle s’inscrit dans le récit, n’oublions pas le bambin rouquin abandonné au pied des chutes de Sainte-Piété, et dont les parents n’ont pas été retrouvés.

Là-dessus, on pourrait relancer l’alerte AMBER et boucler ce dossier mystère qui s’éternise. C’est long. Ça et les motivations de Cassandre (Joanie Martel) et Darius Boileau (Guillaume Tremblay), qui refusent de fournir leur ADN à la police parce que leur sang et leur salive sont d’une pureté inestimable. « Si on veut devenir des élus, on ne donne pas notre ADN », a plaidé Darius, en rentrant de son quart de travail à l’hôpital local.

La famille Boileau fait partie de la Mission de la Lumière-Éternelle et le lien avec la secte dirigée par l’intense Louise (Alexa-Jeanne Dubé) et le gourou alcoolique Armand Bussières (Olivier Lamarche) n’a pas été établi clairement. À part pour la wicca, le mouvement spirituel qui guide ces deux groupes de hippies.

Plusieurs lecteurs associent encore mal la version des années 1990 et celle, contemporaine, des figures centrales de Sorcières. Voici le récapitulatif. Dans le passé, Manon, la mère de Beth, est jouée par Larissa Corriveau, alias la sœur suicidée et séropositive de Roy Dupuis dans Toute la vie. En 2023, la même Manon est campée par Louise Laparé, dont le personnage vit dans un institut psychiatrique.

D’ailleurs, pourquoi la tutelle de Manon a-t-elle été confiée à la taciturne Gaétane (Hélène Grégoire), dont on ne se sait rien à part qu’elle tripe sur la loterie vidéo et les cocktails colorés ? Très intrigant.

Autre point à éclaircir : la fameuse Louise, qui capote sur la triple déesse (Hécate, Séléné et Artémis), est-elle encore vivante ? La mère de Joe n’est apparue que dans les flashbacks, jamais au présent. Même chose pour Sandrine, la mère d’Agnès : où se terre-t-elle ? Certainement pas avec Gaïa.

La famille de la mairesse Véronique Roy (Julie Roussel) nous réserve de grosses surprises, je pense. Son dernier souper a été extrêmement tendu. Véronique, la demi-sœur de Beth, n’a jamais pardonné à sa mère Manon (encore elle !) de les avoir abandonnés, elle et son frère Colin, qui s’est donné la mort. Et que veut bien confier le souffreteux Camil (Roger La Rue) à son ancienne femme Manon (toujours elle !), qu’il a refusé de reprendre à la maison après la dissolution de la commune ?

L’affaire Alain Leclerc (Jean-Marc Dalphond), maintenant. J’ai eu l’impression d’avoir raté un épisode quand le nom de cet animateur de radio a fait frissonner notre vaillante journaliste Joe Bussières. Nous l’avions aperçu une seule fois, dans un reportage qui passait dans la télé du journal. Alain Leclerc sortait alors du palais de justice. Ceux qui ont cligné des yeux, comme moi, l’ont loupé.

TVA relaie la finale de mi-saison de Sorcières lundi soir et prions dans un lieu gorgé d’énergie divine pour que l’on comprenne pourquoi Alistair (Léopold Lafontaine) se mutile et pourquoi Sandrine a été battue dans la cabane rouge, pour l’amour de l’enfant du nouveau jour.

Je lévite

Avec The Real Housewives of Miami

Suis-je le seul à suivre leurs aventures nappées de drame et de glam ? Comme téléréalité vide-cerveau, c’est difficile à battre. Ces épouses bijoutées font la fête sur des yachts, se jettent des daiquiris au visage, se chamaillent à propos de leurs mariages chancelants, vivent dans des palais néo-rococo super quétaines, portent des tenues aux logos visibles de la lune, parlent en « spanglish » et versent dans le potinage haut de gamme. Marysol, qui boit du matin au soir, vole la vedette. Les épisodes jouent sur la chaîne câblée Slice TV ou sur la plateforme Hayu, si vous désirez ajouter un 14abonnement payant à votre portefeuille.

Je l’évite

Le ghetto de Miami, dans Si on s’aimait

On ne laisse pas Julie comme ça dans un coin ! Surtout dans le ghetto de Miami, voyons. Julie en a vu, des CSI : Miami, et elle le sait, ce qui arrive aux femmes abandonnées dans un char à 45 000 $. Honnêtement, je n’ai rien compris de la relation orageuse entre Julie et Luc à Si on s’aimait. Julie est amoureuse de Luc. Puis, Julie déteste Luc et le traite de crétin. Deux secondes plus tard, Julie sourit et repasse la chemise de Luc (il n’est pas capable de le faire à 49 ans ?). Le tout se finit sur une danse lascive et Julie pose la question qui tue : me pognes-tu le cul ? Incompréhensible comme parcours.